Qui veut encore défaire Trudeau ?
Cette crise a étendu le filet social de façon colossale, avec le consentement de tous les partis.
On voit mal comment les prochaines élections fédérales pourraient avoir lieu avant que la majorité des Canadiens soient vaccinés contre la COVID-19, ce qui risque de prendre au moins un an.
Il est pourtant très probable que certains partis, dans ce Parlement minoritaire, auront envie d’en découdre plus tôt que plus tard.
Les libéraux de Justin Trudeau, par exemple, seraient-ils tentés d’emprunter la recette gagnante de Jean Charest en 2008 ? Alors minoritaire, l’ex-premier ministre du Québec avait à l’époque déclenché un scrutin pour avoir ainsi « les deux mains sur le volant », en pleine crise économique. Certains conservateurs semblent aussi plutôt pressés. Le meneur dans la course à la direction, Peter Mackay, a écrit dans une lettre à ses partisans cette semaine que le parti « doit être prêt à mener l’effort de relance, pour rebâtir ce qui a été brisé, et sortir de la crise plus fort que jamais ».
CRÉDIBILITÉ
Nous sommes encore dans l’oeil du cyclone. Il est difficile de prévoir comment les différents partis orienteront leur stratégie en fonction de la sortie de crise.
Qui sera le plus crédible pour redresser une économie en lambeaux après la tempête ? Les profondes perturbations économiques donnent à chacun l’occasion de rafraîchir son cahier de propositions.
Dans un billet publié dans le magazine L’actualité, l’ex-conseiller québécois de Stephen Harper Carl Vallée a admis ceci : « Si les mesures de confinement fonctionnent et que nous réussissons bel et bien à limiter le nombre de morts au Québec, la gauche pourra cependant se targuer du rôle joué par l’état afin d’éviter le pire. »
Les conservateurs pourront donc difficilement se replier sur leur position naturelle, c’est-à-dire compter sur la baisse du fardeau fiscal et un retour à l’équilibre budgétaire. Cette crise a étendu le filet social de façon colossale, avec le consentement de tous les partis.
Lequel saura le mieux convaincre de la nécessité de le rétrécir progressivement ? Et par où devrait-on commencer ? L’interventionnisme de l’état a plutôt la cote en ce moment. Le NPD sera-t-il en mesure d’en profiter ?
Et quelle sera la place du discours sur l’environnement ? Encore hier, le chef du Bloc québécois Yves-françois Blanchet souhaitait profiter de la crise actuelle pour accomplir la transition énergétique.
SURVEILLANCE DU PARLEMENT
La pandémie de COVID-19 est si inattendue, si profonde, qu’elle pousse nos institutions démocratiques à leurs limites. Nous aurons à les réinventer. Est-il pensable d’organiser un vote par la poste ?
Depuis un mois, le Parlement ne siège plus qu’à l’occasion, et selon une formule réduite. L’opposition se sent avec raison bousculée. À quand des mécanismes de surveillance plus robustes du gouvernement ?