Soins intensifs débordés
Portrait peu reluisant à Montréal avec 100 décès et des CHSLD submergés
Même si la situation est plutôt sous contrôle à travers le Québec, c’est dans la grande région de Montréal que se joue la guerre contre la COVID-19. Les soins intensifs de certains hôpitaux affichent complet, on manque de médicaments pour les patients et les décès s’accumulent dans les CHSLD.
La métropole a enregistré hier son centième décès depuis le début de la crise. Selon nos informations, on compte aussi entre 90 et 100 malades aux soins intensifs sur les quelque 186 recensés à travers le Québec.
« Nos soins intensifs sont pleins. On a ouvert l’unité coronarienne et on est en train de préparer la salle de réveil pour accueillir de nouveaux patients », indique le Dr Michel de Marchie, spécialiste en médecine interne à l’hôpital général juif de Montréal.
Il s’inquiète particulièrement du manque de sédatifs utilisés pour les gens intubés. La situation est telle qu’on doit parfois changer la médication des patients aux soins intensifs en fonction de la disponibilité des produits.
Pour améliorer les approvisionnements en médicaments et en équipements de protection, Ottawa et les provinces ont convenu d’une stratégie pour faire des achats en commun dans le contexte de pénurie mondiale. On espère ainsi attirer plus facilement les fournisseurs.
NIVEAU D’ALERTE RELEVÉ ?
L’autre enjeu est le fait que les malades restent en moyenne huit jours aux soins intensifs, parfois plus, ce qui fait en sorte que les lits ne se libèrent pas rapidement.
Des discussions sont en cours pour déployer le niveau d’alerte 4 dans les hôpitaux de Montréal, soit le niveau le plus élevé.
Cela permettrait à tous les établissements d’accueillir des patients atteints de la COVID-19 et seulement les hôpitaux qui débordent pourraient effectuer des transferts de malades infectés.
Il reste toutefois suffisamment de lits actuellement pour répondre à la demande.
Le Dr Michel de Marchie indique que le personnel est aussi en nombre suffisant pour prendre en charge les patients.
Ce n’est toutefois pas le cas partout. Ainsi, des résidences pour personnes âgées et des centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) se sont retrouvés en manque de personnel sur l’île de Montréal. Des dizaines d’employés ont été déclarés positifs à la COVID-19 dans les derniers jours.
À d’autres endroits, le personnel est à bout de souffle.
« Les gens sont à bout », nous dit une source en parlant de semaines de six jours à raison de 14 heures quotidiennement depuis la mi-mars.
Des équipes ont ainsi dû être envoyées en renfort. Deux résidences privées ont été mises sous tutelle par Québec, soit le CHSLD Herron ( voir texte en page 12) de Dorval et le Manoir Liverpool à Lévis. Ce qui n’a pas empêché certains centres d’hébergement de continuer à compter leurs morts. On observait hier encore des éclosions de cas dans au moins trois CHSLD du sud de Montréal.
HAUSSE EN BANLIEUE
Par ailleurs, le nombre de cas continue de grimper dans les banlieues. En Montérégie, on comptait hier 1173 cas confirmés, dont près de la moitié étaient concentrés dans l’agglomération de Longueuil.
À Laval, il y a eu 48 décès et un peu plus de 1000 personnes infectées.
Des différences ont été découvertes entre certaines données divulguées par Québec et par la santé publique de Montréal. Des mesures ont été prises hier pour s’assurer d’avoir les mêmes chiffres.