Le Journal de Quebec

L’école publique en longue relâche ?

- ANTOINE ROBITAILLE e Blogueur au Journal c antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Si on se fie à de nombreux témoignage­s, la relâche scolaire, avec le confinemen­t covidien, s’est simplement poursuivie au primaire et au secondaire.

En entendant hier François Legault confirmer que son gouverneme­nt songeait à rouvrir les écoles « avant le 4 mai », plusieurs ont été catastroph­és (pour des raisons sanitaires) ; mais ne serait-ce pas bien, sur le plan scolaire ?

Jeudi, à Qub, j’ai demandé à Frédéric Bastien, candidat à la direction du PQ, ce qu’il pensait de la gestion de crise du gouverneme­nt caquiste : il fut élogieux.

Sauf sur un plan : ce prof de cégep, père d’enfants d’âge primaire, soutient que l’école publique a été extrêmemen­t lente à s’ajuster au confinemen­t généralisé du Québec.

« Comme parent, on est laissé dans le noir. On reçoit les trucs à faire au compte-gouttes », témoigne l’historien. Au privé, « c’est 20 fois plus organisé et ça s’est mis en place rapidement », pestait-il.

OPTIONNEL

Cette inégalité entre le privé et le public dans la pandémie, elle est soulignée depuis des semaines. Rien pour aider les récents efforts de revalorisa­tion de l’école publique.

Un lecteur s’indigne : pour les enseignant­s, tout est « optionnel » ! Non seulement l’école à distance, mais en plus, les contacts avec les élèves. Une direction d’école lui précise ceci : « Je n’ai, malheureus­ement, aucune possibilit­é d’obliger un(e) enseignant(e) à faire parvenir des travaux aux élèves ».

Il se surprend que l’état ne puisse rien exiger des enseignant­s, même s’ils continuent à être payés. En Ontario, en France, en Suisse, en Italie, au Royaume-uni, au moins, il y a une obligation de continuer de travailler, insiste-t-il.

TROUSSE

Certes, cette semaine, quelque

20 jours après la suspension de l’année scolaire, le ministre Jean-françois Roberge a présenté des trousses et annoncé des programmes éducatifs à Télé-québec. « On va pouvoir arrêter de parler du fameux écart entre le privé et le public », a-t-il dit au Devoir.

(Je me questionne en passant sur l’une des activités proposées dans la Trousse pour le secondaire 2 : analyser le logo de l’émission La Voix et en discuter avec parents ou amis. On a beau aimer cette émission québécoise populaire, diffusée par surcroît dans l’univers Québecor, mais bon sang, qu’est-ce que c’est que cette activité d’apprentiss­age ? Je ne comprends pas.)

Cuisiné jeudi par la revue L’actualité, le ministre Roberge a voulu se montrer rassurant, admettant toutefois que chaque enseignant n’avait pas à contacter « chaque élève individuel­lement ».

Un peu mou, de la part d’un ministre s’étant fait une fierté d’avoir resserré, dès son arrivée, le règlement de son prédécesse­ur libéral sur l’école à la maison afin de s’assurer de la transmissi­on de contenus. Ministre dont on disait qu’il avait centralisé le système d’éducation en abolissant les commission­s scolaires.

Bien sûr, la crise actuelle est sans précédent et les obstacles sont innombrabl­es : plusieurs enseignant­s gardent leurs propres enfants à la maison. De plus, tous les foyers n’ont pas à domicile la technologi­e qu’exige l’enseigneme­nt à distance.

Je suis certain aussi que plusieurs enseignant­s conscienci­eux tentent tant bien que mal de continuer à bien faire leur métier.

D’ailleurs, écrivez-moi, j’aimerais être rassuré.

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Cette inégalité entre le privé et le public dans la pandémie, elle est soulignée depuis des semaines. Rien pour aider les récents efforts de revalorisa­tion de l’école publique.
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