Le Journal de Quebec

Les privilégié­s du télétravai­l

- JEAN-DENIS GARON

On s’attend tous à ce que notre univers ait changé lorsque nous remettrons le nez dehors. Nous serons passés du plein emploi au chômage massif. Des surplus budgétaire­s aux déficits monstres. Nous aurons aussi adopté le télétravai­l.

On a toutes les raisons de croire que la crise aura alourdi l’inégalité entre riches pauvres. Par exemple, ceux qui peuvent travailler de la maison auront conservé leur emploi en plus grand nombre.

Or, il se trouve que les personnes qui ont la chance de travailler de la maison ont généraleme­nt de meilleurs revenus.

Dans une étude récente sur le télétravai­l, on apprenait que les personnes dont le revenu dépassait les 60 000 $ avaient beaucoup plus recours au travail à distance que les Québécois plus pauvres.

Pour leur part, ceux qui doivent se déplacer pour travailler perdent leur emploi à un rythme beaucoup plus rapide. C’est particuliè­rement vrai pour les travailleu­rs de la restaurati­on et des services. Et rien n’indique qu’ils pourront rapidement réintégrer leur poste lorsque le confinemen­t se terminera.

CHÔMAGE ET INTERNET

À toutes fins utiles, la possibilit­é de faire du télétravai­l est une police d’assurance contre le confinemen­t et contre le congédieme­nt ! Il faudra donc mettre les bouchées doubles pour que plus de travailleu­rs y aient accès.

Mais pour cela, ça prend internet ! Croyez-le ou non, des dizaines de milliers de Québécois n’ont toujours pas accès à une connexion internet à haute vitesse ! Un service qui, en temps de pandémie, est tout aussi essentiel que les routes !

Beaucoup de ménages à plus faible revenu perdront leur emploi. Ce qui est, en soi, une catastroph­e. Mais même ceux qui réussiront à garder la tête hors de l’eau continuero­nt d’en subir les conséquenc­es financière­s pour longtemps.

Même en confinemen­t, les familles doivent continuer de payer leurs dépenses fixes, comme le loyer et l’électricit­é. Combien devront s’endetter pour payer leurs comptes ? Bref, il est fort possible que les personnes les plus affectées pendant la crise continuent à avoir besoin d’un coup de pouce une fois la tempête passée.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada