Le Journal de Quebec

Les consultati­ons médicales à distance sont là pour rester

- Alexandre Robillard arobillard

La crise du coronaviru­s va transforme­r la pratique de la médecine grâce à une hausse permanente de l’offre de consultati­ons à distance, croient plusieurs intervenan­ts du secteur de la santé.

Au cours des dernières semaines, plusieurs médecins ont dû se tourner vers le téléphone ou la visioconfé­rence pour réduire leurs contacts directs avec leurs patients.

Médecin omnipratic­ien à Lac-etchemin, Sylvain Dion a vu ses activités baisser de moitié depuis le début de la pandémie. « Les gens restent chez eux », dit le Dr Dion.

Il estime que 70 % de ses consultati­ons se font à distance. Dans son cas, il privilégie le téléphone même si le ministère a mis des plates-formes de vidéo à la dispositio­n des médecins. « On essaie de minimiser les déplacemen­ts des patients », dit le médecin.

Avant la pandémie, le Dr Dion utilisait peu la téléconsul­tation, ce qui va changer. « Je vais certaineme­nt structurer davantage mon agenda pour avoir des périodes où je vais mettre de la téléconsul­tation », dit-il.

Selon lui, c’est particuliè­rement indiqué pour assurer le suivi de malades chroniques ou pour des consultati­ons qui ne nécessiten­t pas d’examen physique.

COINCÉ SUR UN NAVIRE

Administra­teur du Collège des médecins, le Dr Guy Morissette a quant à lui été forcé de travailler à distance. Coincé sur un navire de croisière qui ne pouvait accoster à sa destinatio­n en raison de la pandémie, il s’est servi d’un téléphone et d’internet. « Je savais que j’avais des soins à donner », dit-il.

Rentré en Outaouais depuis quelques jours, il poursuit sa pratique à distance chez lui, où il est actuelleme­nt en quarantain­e.

« La façon dont la médecine va se pratiquer dans un an sera très différente de comment elle se faisait il y a un mois », dit-il.

Le médecin observe que la pandémie a donné l’impulsion aux consultati­ons à distance. « On s’est peut-être traîné les pieds comme groupe. Mais l’urgence sanitaire et les besoins font bouger les choses », dit-il, en soulignant que l’enjeu principal reste la confidenti­alité.

ENTENTE

Le président de la FMOQ, Louis Godin, affirme qu’une nouvelle entente administra­tive a été conclue à la mi-mars en raison de la pandémie. Elle permet aux médecins de réclamer des honoraires pour les téléconsul­tations. « Avant, ce n’était pas prévu par le régime d’assurance maladie », dit-il.

Aude Motulsky, professeur­e adjointe à l’école de santé publique de l’université de Montréal, constate les progrès récents du Québec dans la téléconsul­tation. « On a un retard important à rattraper. »

Selon la chercheuse, il reste encore à préciser les cas où une consultati­on à distance est la plus appropriée. Elle soutient également que le « bon vieux téléphone » est le meilleur outil dans bien des situations. « Il n’y a pas tant de situations où l’ajout de la vidéo est intéressan­t », dit-elle.

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PHOTO COURTOISIE Le médecin omnipratic­ien Sylvain Dion a vu ses activités diminuer de moitié depuis le début de la pandémie. Il s’est tourné vers le téléphone et la visioconfé­rence afin de réduire les contacts directs avec ses patients.
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