Le Journal de Quebec

La relance économique rendra-t-elle le Québec plus vert ?

- ANNABELLE BLAIS

La priorité des gouverneme­nts une fois la crise terminée sera de relancer l’économie. Plusieurs experts font toutefois une mise en garde : une relance ne peut se faire au détriment de la lutte aux changement­s climatique­s.

« Dans un contexte d’urgence, la tentation est souvent de dire : on allège la réglementa­tion, on abandonne des objectifs en disant que l’économie prime », souligne Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki.

ÉMISSIONS DE GES

Après la crise économique de 2008, le gouverneme­nt de Stephen Harper avait choisi de relancer l’économie du Canada en misant en grande partie sur la relance de l’industrie pétrolière. Les émissions de GES du Canada et à l’échelle mondiale avaient par la suite augmenté.

D’autres avaient toutefois saisi l’opportunit­é pour accélérer le virage vert. Ce fut le cas de la Corée du Sud par exemple.

Aux États-unis, le président Barack Obama avait relancé l’industrie de l’automobile en exigeant qu’elle ait de meilleures normes d’efficacité énergétiqu­e « Et ç’a été le geste qui a réduit les GES de la façon la plus importante entre 2010 et 2015 », illustre M. Mayrand.

TOURNANT

« Va-t-on reprendre l’économie là où on l’a laissée et qui nous menait dans le mur pour les changement­s climatique­s ? Ou va-t-on profiter de l’occasion pour un virage économique vert ? », se questionne Patrick Bonin de Greenpeace.

Le contexte est toutefois différent de 2008. « Ça me semble évident qu’il n’y aura pas de nouveau projet de sable bitumineux et ce sera difficile de financer GNL Québec, croit M. Mayrand. Ce sont des projets d’investisse­ment massif et les capitaux ne sont plus là et la demande énergétiqu­e va baisser. »

Le premier ministre François Legault a assuré hier que l’environnem­ent ferait partie de la relance et que certains projets pourraient même se réaliser plus rapidement.

« En environnem­ent, les projets de transport en commun qui sont prévus, on va les accélérer [...] Il n’est pas question de retarder quoi que ce soit », a-t-il dit.

Le ministre de l’environnem­ent Benoit Charette n’a pas voulu s’avancer sur la façon dont la pandémie affectera ses projets. L’année 2020 devait être celle de l’environnem­ent. Il devait notamment présenter ce printemps son plan d’action pour atteindre nos cibles de réduction de GES pour 2030.

« Nous allons nous assurer que le plan de lutte aux changement­s climatique­s que nous présentero­ns contribue de façon positive à la relance de l’économie notamment en appuyant l’électrific­ation des transports et le développem­ent des transports collectifs », a-t-il affirmé au Journal.

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