La conscience écologique atteindra un autre niveau
La crise de la COVID-19 a démontré que l’on peut changer nos comportements et que l’impact est immédiat
Pendant que le Québec est sur pause, l’environnement prend du mieux. Mais si le coronavirus n’est pas une stratégie contre l’urgence climatique, cette crise incitera les Québécois à changer leurs habitudes à l’avenir.
« Ce qu’on vit en ce moment, c’est un test pour les chocs qu’on va subir avec les changements climatiques dans les prochaines décennies », croit Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki.
Selon Colleen Thorpe, directrice générale d’équiterre, cette pandémie ouvre la porte à une prise de conscience pour une relance économique résiliente et verte.
« On est optimiste, on pense que ça fera réfléchir les gens, parce que personne ne veut se sentir vulnérable », dit-elle.
AUTOSUFFISANT
Déjà, plusieurs constats sont faits. « Que ce soit sur l’importance de l’approvisionnement local, sur l’autosuffisance des régions, sur les modes de vie comme le télétravail qui pourraient devenir des habitudes », énumère Patrick Bonin de Greenpeace Canada.
« Il y aura des changements pour assurer la sécurité alimentaire et être moins en fonction des importations », illustre Mme Thorpe.
Le premier ministre Legault l’a d’ailleurs reconnu en conférence de presse la semaine dernière. Les Québécois sont aussi encouragés à consommer localement, un concept déjà prôné par les environnementalistes.
« Une agriculture résiliente est une agriculture de proximité rattachée à une communauté », ajoute Mme Thorpe.
De plus en plus de pays voudront aussi être autonomes sur le plan énergétique. « Par exemple le Québec qui veut électrifier l’ensemble de sa consommation énergétique pour produire soi-même son énergie », souligne M. Mayrand.
CHANGER RAPIDEMENT
Les différentes mesures prises en réaction à la pandémie ont aussi prouvé, même aux plus sceptiques, que l’on peut changer nos habitudes de vie en quelques jours seulement et que les impacts se font aussitôt sentir sur l’environnement ( voir encadré).
Cette expérience démontre par exemple à quel point la réduction des déplacements a des répercussions positives sur la qualité de l’air.
« Plutôt que de construire des routes, il faudrait penser à moins déplacer les gens », croit Karel Mayrand.
À la Fondation David Suzuki, par exemple, la semaine de travail est de quatre jours afin de réduire le voyagement et ainsi diminuer leur empreinte carbone.
« On pourrait envisager ça pour régler des problèmes de congestion, diminuer nos GES et améliorer la conciliation travail-famille. L’impact serait déjà énorme », explique-t-il.
Les gens sont prêts à changer leurs comportements lorsqu’ils comprennent bien une crise, poursuit M. Bonin.
« Ça prouve que les gouvernements pourraient faire la même chose dans la lutte contre les changements climatiques en misant sur la science et l’urgence d’agir », dit-il.