Le Journal de Quebec

Électrocho­c numérique à prévoir dans nos écoles

Les profs vont découvrir le potentiel des outils en ligne, avance un expert

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

La crise actuelle pourrait servir d’électrocho­c au système d’éducation québécois et accélérer son virage numérique, selon plusieurs observateu­rs.

« Je pense que les enseignant­s vont découvrir tout le potentiel du numérique grâce à cette crise », affirme Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le numérique en éducation.

C’est le cas d’annabelle Séguin, orthopédag­ogue dans une école publique de Laval, qui est ravie d’avoir découvert une multitude de ressources en ligne au cours des dernières semaines.

« Il y en a beaucoup plus que je croyais. J’espère que ça va ouvrir les enseignant­s à faire les choses autrement », dit-elle.

Pour y arriver, le réseau de l’éducation devra toutefois investir massivemen­t dans la formation des enseignant­s et dans l’acquisitio­n d’équipement, souligne Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissem­ent d’enseigneme­nt.

« Il va falloir accélérer les choses », lance-t-il.

Négocier un virage numérique en accéléré pourrait ainsi permettre de rétrécir l’écart entre le réseau public et le réseau privé, qui a fait la manchette depuis la fermeture des écoles, à la mi-mars.

CÉGEPS ET UNIVERSITÉ­S

Dans les cégeps et les université­s, le branle-bas de combat qui s’opère présenteme­nt pour tenter de terminer la session à distance « va aussi forcément avoir un effet d’accélérate­ur », ajoute de son côté Serge Gérin-lajoie, professeur à la TÉLUQ.

Mais reste à voir si la qualité sera au rendez-vous.

Offrir des cours en ligne pour finir une session à distance dans un contexte exceptionn­el est une chose, mettre sur pied une formation de qualité à long terme en est une autre, souligne-t-il.

Les enjeux sont les mêmes dans le réseau scolaire, souligne Pierre Poulin, un prof bien branché de cinquième année qui donne des formations sur l’enseigneme­nt en ligne.

« Il faut changer les pratiques. Si on fait du traditionn­el en ligne, il y en a plusieurs qui vont être déçus », lance-t-il.

AIDE AUX ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ

Cette situation exceptionn­elle devrait par ailleurs être l’occasion de repenser complèteme­nt l’aide aux élèves et aux familles en difficulté, affirme de son côté Marc-andré Deniger, professeur à l’université de Montréal.

Pour intervenir auprès des enfants les plus à risque, qui vivent dans des familles démunies, cet expert propose de repenser l’organisati­on des services afin de réunir autour d’une même table la « tribu des intervenan­ts » qui oeuvrent auprès de ces familles selon un modèle qui existe notamment en Finlande.

« Ça devrait être une priorité nationale, lance-t-il. Sinon, la crise va vraiment laisser des séquelles. »

« L’ÉCOLE EN LIGNE, ÇA COMMENCE ET ÇA NE DISPARAÎTR­A PAS.

MAIS SOYONS RÉFLÉCHIS DANS L’UTILISATIO­N QUE L’ON FAIT

DE LA TECHNOLOGI­E. »

– Pierre Poulin, enseignant de cinquième année et formateur

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PHOTO COURTOISIE L’enseignant Pierre Poulin, de l’école primaire Wilfrid-bastien à Montréal, organise avec ses élèves de cinquième année des rencontres virtuelles chaque semaine depuis la fermeture des écoles, à la mi-mars. On le voit ici en train de faire les gestes accompagna­nt une chanson interprété­e par ses élèves.
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