Le Journal de Quebec

Nos aînés plus à l’aise avec la technologi­e grâce à la crise

Ils utilisent les tablettes et autres outils numériques pour garder contact

- Dominique Scali l DSCALIJDM

De nombreux aînés qui étaient peu habitués aux nouvelles technologi­es avant le confinemen­t sont désormais plus à l’aise que jamais avec internet, une tendance qui devrait demeurer une fois la crise passée, estiment plusieurs intervenan­ts.

« J’ai vu à la télé une dame de 94 ans qui était capable d’aller sur Facetime. Je me suis dit : “voyons donc, je suis capable moi aussi” », raconte Lise Gagné.

Cette résidente de Québec avait déjà l’habitude d’utiliser sa tablette tous les jours, mais elle ne parvenait pas à faire d’appels vidéo avec sa fille.

Puis, il y a une quinzaine de jours, elle a réussi. « Je me suis forcée, j’ai fait plus attention », raconte celle qui a plus de 70 ans, mais qui préfère taire son âge exact par « coquetteri­e ».

Les aînés qui avaient déjà tendance à être « branchés » avant la crise partaient avec une longueur d’avance.

« Nous, ça nous a aidés [d’être déjà à l’aise]. On est très chanceux », témoigne Monique Hubert, 80 ans, qui vit avec son époux au Manoir Brossard.

Cette ex-enseignant­e a remplacé les visites de son fils par des conversati­ons Messenger ou par Skype.

Dans beaucoup de maisons de retraite, des initiative­s ont d’ailleurs vu le jour pour s’assurer que les résidents moins « technos » puissent eux aussi garder le contact.

« AVOIR SU... »

Par exemple, les résidents des Résidences Soleil qui n’ont pas de tablette peuvent se choisir une plage horaire pour avoir accès à un appareil qu’un employé vient leur porter. « Il y en a pour qui ça aurait été impensable de communique­r par tablette avant », remarque le vice-président Maurice Vaillancou­rt.

« Certains me disent : “avoir su, je l’aurais fait avant” », rapporte Karine Gignac, directrice générale pour le Groupe Maurice.

À L’image d’outremont, les résidents avaient déjà accès à des ateliers pour se familiaris­er avec la tablette, mais l’activité tombait parfois en même temps que le bridge, illustre Mme Gignac. Le confinemen­t a chamboulé l’ordre des priorités.

BESOIN D’AIDE

Reste que l’accompagne­ment est souvent essentiel pour que la transition fonctionne. « On ne se rappelle pas toujours comment faire d’une fois à l’autre », avoue Ben Gosselin, 87 ans, qui utilise la tablette notamment pour assister à la messe en ligne.

« Mon gars vient me montrer à travers la fenêtre sur quoi peser pour que ça fonctionne », dit l’homme de Saint-denis-deBrompton en Estrie.

Chez les 75 ans et plus, plus d’une personne sur quatre n’a pas internet à la maison, selon les chiffres du Réseau FADOQ, qui représente quelque 535 000 aînés.

Certains n’avaient même pas de carte bancaire lorsque les commerces se sont mis à refuser l’argent papier, rappelle Judith Gagnon, présidente de l’associatio­n québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretrait­ées.

« C’est comme un nouvel éveil », dit Mme Gagnon, qui soupçonne que de garder nos aînés connectés continuera d’être une priorité au-delà de la crise.

 ?? PHOTO COURTOISIE PATRICIA BEAUDRY / LES RÉSIDENCES SOLEIL ?? Monique Hubert, 80 ans, reste en contact avec sa famille et d’autres résidents du Manoir Brossard grâce à sa tablette.
PHOTO COURTOISIE PATRICIA BEAUDRY / LES RÉSIDENCES SOLEIL Monique Hubert, 80 ans, reste en contact avec sa famille et d’autres résidents du Manoir Brossard grâce à sa tablette.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada