Le Journal de Quebec

Des milliers de PME rayées de la carte

Plus de 80 000 entreprise­s québécoise­s sont sur la corde raide en raison de la crise, selon la FCEI

- FRANCIS HALIN

Une PME sur trois risque de fermer d’ici la fin du mois faute de liquidités, mais celles qui vont refaire d’urgence leur plan d’affaires peuvent encore espérer voir la lumière au bout du tunnel.

« Notre chiffre d’affaires d’environ 10 millions $ devrait fondre de 50 % à 75 % cette année », confie comme si de rien n’était le PDG de l’entreprise Connect & Go, Dominic Gagnon.

Cette réalité, le premier ministre du Québec, François Legault, l’avait vue venir dans son rétroviseu­r. « On ne pourra pas sauver toutes les entreprise­s », avait-il dit fin mars.

Comme des milliers de PME, l’entreprise de bracelets intelligen­ts Connect & Go était loin de se douter qu’elle allait jouer sa survie en raison de la COVID-19.

Fondée en 2012 à Montréal, elle avait décroché de juteux contrats avec la PGA ou la NFL. Connect & Go avait 64 employés avant la crise. Il en reste à peine 20 aujourd’hui.

« C’était l’année de notre vie. On s’en allait aux Jeux olympiques de Tokyo, poursuit Dominic Gagnon, qui refuse de se laisser abattre. On a mis en place un comité pour créer des produits pour d’autres industries que le divertisse­ment : écoles, prisons, parcs d’attraction­s. »

SUBVENTION D’URGENCE

À la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI), on demande à Québec d’imiter la Saskatchew­an avec ses subvention­s d’urgence aux PME. On mise aussi beaucoup sur une réouvertur­e prochaine des commerces sur rendez-vous.

« C’est peut-être ça l’avenir. Il ne faut pas attendre trop longtemps avant d’ouvrir les commerces de proximité parce que les gens vont changer leurs habitudes de consommati­on », craint son vice-président Québec, François Vincent.

Chez les manufactur­iers, on constate que la crise a servi de bougie d’allumage pour accélérer l’automatisa­tion de certaines usines.

« Les mesures de distanciat­ion vont faire en sorte qu’il faudra davantage d’automatisa­tion et de robotisati­on », constate la PDG de Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec (MEQ), Véronique Proulx.

BESOIN D’ARGENT

Chez les institutio­ns financière­s, on absorbe le choc. On préfère parler de ce qui est fait maintenant pour aider les entreprise­s plutôt que de se projeter après la crise.

À la Banque Nationale, on veut prendre des risques « pendant la crise, plutôt qu’après », selon les mots du vice-président Affaires publiques et Responsabi­lité sociale de la Banque Nationale, Claude Breton.

Au Mouvement Desjardins, on dit avoir agi tôt en leur offrant moratoire de capital, refinancem­ent de certains actifs, réduction temporaire du taux d’intérêt à 10,9 % et remise sur la prime d’assurance auto pour les véhicules commerciau­x.

À la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui met une enveloppe de 4 milliards $ sur la table, on prévoit aider les entreprise­s « rentables avant la crise liée à la COVID-19 [et qui] se doivent de présenter des perspectiv­es de croissance prometteus­es dans leur secteur », précise son porte-parole Yann Langlais-plante.

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Go, Dominic Gagnon, est persuadé que les PME qui s’adapteront vite à la nouvelle réalité post-coVID-19 en ressortiro­nt plus fortes qu’avant.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Le PDG de Connect & Go, Dominic Gagnon, est persuadé que les PME qui s’adapteront vite à la nouvelle réalité post-coVID-19 en ressortiro­nt plus fortes qu’avant.

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