La crise va freiner l’élan de l’airbus A220
L’immobilisation quasi totale du trafic aérien mondial a forcé Airbus à reporter à l’an prochain l’accroissement du rythme de production de l’a220, l’ancienne C Series de Bombardier.
Avant la suspension de ses activités, le 23 mars, l’usine de Mirabel, où travaillent 2700 personnes, produisait quatre avions A220 par mois. Le programme avait le vent dans les voiles avec 58 commandes depuis le début de l’année.
Airbus prévoyait d’augmenter graduellement la cadence à cinq avions par mois, de façon à atteindre l’objectif de livrer 10 avions par mois « vers le milieu de la décennie ». Le coronavirus a tout bouleversé. « L’accélération de cadence 4 à cadence 5 va être plus lente que ce que nous avions prévu, donc nous restons stables à cadence 4 plus longtemps, soit jusqu’à la moitié de 2021 », a affirmé au Journal Annabelle Duchesne d’airbus Canada.
« Pour la suite, on ne peut pas spéculer, a-t-elle ajouté. Nous évaluons notre planification industrielle en fonction de la situation dans le contexte actuel, l’objectif étant de nous adapter le mieux possible aux demandes des clients. »
LIVRAISONS INTERROMPUES
Deux des plus importants clients de l’a220, Delta Air Lines et airbaltic, ont récemment indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention de prendre possession de nouveaux appareils pour l’instant. Delta devait recevoir une quinzaine de nouveaux A220 d’ici la fin de l’année.
Air Canada, qui attendait aussi une quinzaine d’avions A220 additionnels en 2020, n’a pas clairement fait part de ses intentions. L’entreprise s’est toutefois engagée à limiter ses dépenses autant que possible.
Le report de l’augmentation de la production retardera l’atteinte du seuil de rentabilité de l’a220. Cet hiver, Airbus a évoqué l’année 2025 pour y parvenir en s’appuyant sur une hausse continue des livraisons.
Richard Aboulafia, de la firme américaine Teal Group, croit toutefois que l’a220 résistera mieux à la crise que d’autres avions. Selon lui, cet appareil de 110 à 160 passagers est idéal dans un marché aérien qui se rétrécit.
« Je pense que l’a220 sera probablement l’avion le mieux protégé après l’a321 », avance-t-il.
Airbus vient néanmoins de mettre sur la glace son projet d’établir une deuxième ligne d’assemblage pour l’a321 à Toulouse en raison des répercussions de la pandémie.
Le géant européen a annoncé cette semaine qu’il allait sabrer d’un tiers la production de ses gammes A320, A330 et A350.