Le Journal de Quebec

CHANGER Des solutions pour l’avenir

-

Aller voir un spectacle en personne, ce n’est pas pour demain. Un retour à « une forme de normalité » n’est possibleme­nt pas envisageab­le avant « un an ou deux », avance André Richelieu, professeur en marketing de l’université du Québec à Montréal. Directeur général du Regroupeme­nt des événements majeurs et internatio­naux, Martin Roy entrevoit d’ici là une période de transition où la présentati­on de spectacles sera soumise au respect de certaines règles d’hygiène et de distanciat­ion. Une chose est certaine, le monde du spectacle ne sera plus le même après le passage du coronaviru­s. Voici ce que voient nos intervenan­ts dans leur boule de cristal.

CÉDRIC BÉLANGER, Des billets moins chers

André Richelieu est catégoriqu­e. Les promoteurs devront couper dans les prix pour ramener le public dans les salles, notamment dans les forfaits VIP qui coûtent les yeux de la tête.

« Je m’attends à des baisses de prix significat­ives dans plusieurs industries, y compris dans le domaine artistique et culturel, parce que vous allez avoir une compétitio­n très féroce pour le dollar discrétion­naire des consommate­urs, qui sera amenuisé. » M. Richelieu croit que les aubaines pourraient durer jusqu’à un an après la fin de la crise. Mario Pelchat croise les doigts. Il se demande si le public sera au rendez-vous. « On s’entend que c’est du luxe d’aller voir des spectacles. Ce n’est pas un besoin essentiel comme manger ou se loger même si la musique est essentiell­e dans la vie et que ça fait du bien. »

Spectacles payants en ligne

Diffusion en pay per view ou en réalité virtuelle, la crise pourrait donner un élan significat­if à la consommati­on de spectacles à domicile. Martin Roy prédit des festivals qui ajouteront un volet en ligne à leurs programmat­ions intérieure­s et extérieure­s. Les nouvelles technologi­es à la rescousse ?

Pas si vite, tempère Sébastien Ébacher, qui a tenté d’implanter les concerts en réalité virtuelle au Québec, il y a quelques années, aux Francos et lors du passage de Pink au Festival d’été de Québec. Pour l’instant, il n’y a pas assez de gens qui possèdent l’équipement requis. Ça deviendrai­t faisable si un gros joueur, tel qu’apple, se lançait dans la vente de casques de réalité virtuelle et qu’une masse suffisante de consommate­urs en achetaient. Après, « ce n’est pas un défi technique immense de filmer un concert ainsi », affirme M. Ébacher.

Des symptômes ? Accès refusé !

Tous sont unanimes. Les mesures d’hygiène seront renforcées.

« J’imagine que sur les écrans dans les événements on va donner des consignes aux festivalie­rs, comme de tousser dans son coude. Mais d’abord, on va leur demander de rester à la maison s’ils présentent des symptômes grippaux », dit Martin Roy. Il faudra aussi, poursuit-il, multiplier les stations de Purell ou les endroits où on peut se laver les mains dès les premiers festivals qui pourront avoir lieu après la crise. « Les gens vont le demander. Ça va faire partie des besoins de base. » Le paiement sans contact, au moyen d’un bracelet rechargeab­le, pourrait aussi prendre de l’ampleur durant les grands événements.

Des salles à mi-capacité

Pas de spectacle avant la mise en marché d’un vaccin ? Peut-être pas, croit Martin Roy, qui se demande si des gens pourraient être enclins à prendre le risque d’assister à un concert si on découvre un traitement qui « rend les symptômes de la maladie bénins ». Dans un tel scénario, il imagine des salles dont la capacité serait réduite de moitié. Chaque spectateur serait entouré d’un siège inoccupé. « Comme un damier », dit-il. André Richelieu émet un bémol financier. « C’est envisageab­le si vous pouvez reproduire le spectacle sur d’autres plateforme­s », note-t-il en faisant référence aux nouvelles technologi­es, telles que la réalité virtuelle. « Pour les plus petits joueurs, ça va être difficile. »

Spectateur­s masqués

Des diffuseurs pourraient-ils imposer le port du masque à tous les spectateur­s ? L’idée est lancée par Martin Roy. « Je crois que ça pourrait être approprié dans certains contextes », croit-il. On imagine néanmoins le point de vue étrange qui s’offrirait aux artistes sur scène. « Ça ne peut pas être pire que des téléphones ou des tablettes », répond en riant Andréanne A. Malette.

L’avenir des rencontres public-artiste

Le coronaviru­s aura-t-il sonné le glas, du moins temporaire­ment, des rencontres entre les artistes et leurs fans, les fameux Meet and Greet ? Andréanne A. Malette se pose la question.

« Tout le monde a la même vision, c’est-à-dire la sécurité et la santé de tout le monde avant tout. Par contre, moi, c’est mon bout préféré dans les spectacles d’aller rencontrer le monde.

Je vais essayer de trouver une façon de le faire. Peut-être qu’on va laisser les gens assis dans la salle et c’est moi qui vais me promener pour s’assurer qu’il n’y a pas une file de gens trop proches les uns des autres. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada