Le Journal de Quebec

La musique québécoise devra se reconstrui­re

Il faudra miser sur le made in Québec pour relancer l’ensemble de l’industrie

- Raphaël Gendron-martin l RGMARTINJD­M

L’APRÈS-COVID-19 ne sera pas facile pour l’industrie du spectacle québécoise, qui a vu tous ses concerts et festivals être annulés jusqu’à la fin août. « J’ai l’impression qu’on est parti pour un immense chantier de reconstruc­tion au niveau de la culture au Québec », remarque le nouveau directeur de Spectra (Francos, Jazz), Jacques Primeau.

Les artistes québécois ont perdu la grande majorité de leurs revenus avec la pandémie de la COVID-19.

Selon l’observatoi­re de la culture, les recettes de billetteri­e des spectacles québécois de mars à juin l’an dernier avaient été de 71,8 millions de dollars. Les musiciens auront ainsi besoin du soutien du public pour arriver à se sortir la tête de l’eau au cours des prochains mois.

« Quand le premier ministre Legault a dit “achetons local, achetons québécois”, je pense que les Québécois doivent en faire de même pour leur culture, mentionne Jacques Primeau. Ils doivent aller voir les émissions sur les plateforme­s québécoise­s, acheter de la musique québécoise, l’encourager. En ce moment, c’est ça qui peut nous sauver à court terme. »

« Il va falloir qu’on achète local, renchérit le vice-président aux contenus francophon­es du Groupe Juste pour rire, Patrick Rozon. Il va falloir marteler l’idée d’encourager nos artistes, tous arts confondus. Parce que c’est sûr qu’il y en a qui vont avoir eu un premier six à huit mois [de 2020] difficile. »

UN CHOC POST-TRAUMATIQU­E

Puisque le gouverneme­nt a demandé hier l’annulation de tous les événements culturels dans la province jusqu’au 31 août, on peut se demander à quel moment il sera possible de se retrouver à nouveau dans une salle de spectacle. Et surtout, les gens seront-ils frileux de se retrouver parmi des centaines, voire des milliers, de personnes dès que la situation sera rétablie ?

« Je pense que comme société, on va avoir un choc post-traumatiqu­e après tout ça, reconnaît la directrice générale de L’ADISQ, Solange Drouin. On va se relever tranquille­ment. Malheureus­ement, les rassemblem­ents, c’est la chose qui va peut-être revenir plus tard. Se remettre en confinemen­t dans une salle avec d’autre monde, je ne suis pas sûre que c’est ce que les gens feront en premier. »

Jacques Primeau croit lui aussi qu’on assistera à un retour progressif.

« Chez Spectra, on a des scénarios si les gens ont peur de sortir au début. On va s’adapter à ce que le public veut et est prêt à faire et aussi à ce que les artistes veulent faire. Mais il n’y a pas de manuel pour ça. On improvise. »

INDUSTRIE FRAGILE

Pour le milieu de la musique, la pandémie s’avère un coup très dur qui fragilise davantage une industrie qui ne l’a pas eu facile ces dernières années.

« Les ventes physiques d’albums étaient déjà anémiques [avant la crise], mentionne Solange Drouin. Là, en trois semaines, il y a eu une baisse de 64 % dans les ventes. On n’a pas fini de sentir les conséquenc­es de ce drame-là. »

L’ADISQ concentrer­a ses efforts des prochaines semaines à établir un plan de relance.

« Il va falloir l’organiser très rapidement, dit Solange Drouin.

On ne peut pas attendre que la crise finisse. »

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Difficile de prédire quelle sera l’attitude des spectateur­s après le confinemen­t. À l’ère de la distanciat­ion sociale et des deux mètres qui séparent les individus, les grands rassemblem­ents seront-ils toujours possibles ou simplement boudés ?
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Phil Roy

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