Le Journal de Quebec

La distanciat­ion difficilem­ent viable

- STÉPHANE CADORETTE

Difficile d’imaginer des gradins d’arénas ou de stades remplis en respectant les principes actuels de distanciat­ion sociale.

Il n’existe pas des tonnes de solutions pour limiter la propagatio­n dans des amphithéât­res sportifs remplis, croit Benoît Barbeau, spécialisé entre autres en virologie, au Départemen­t des sciences biologique­s de L’UQAM.

« Exiger de la distanciat­ion dans les estrades ne fonctionne­rait pas. On installera­it les spectateur­s à quelques sièges de distance pour qu’ils aillent ensuite se retrouver dans un bar après un match? Ce n’est pas viable.

« La seule pratique qui vaille, c’est d’insister sur le lavage des mains et de développer le réflexe de le faire pendant 20 secondes plutôt que trois. Il faudra songer à mettre des affiches claires dans les toilettes et à faire des rappels constants. Sinon, on ne peut pas demander à des joueurs ou des spectateur­s de s’isoler du reste de la planète », affirme-t-il.

Après la pandémie, il est permis de se demander si la pratique du sport ne sera pas affectée directemen­t à la base, chez les jeunes.

« La roue débarque et on ne sait pas à quel point les gens qui vont connaître la précarité vont délaisser la pratique du sport chez leurs enfants. L’environnem­ent socioécono­mique va changer et toucher le monde du sport », estime Jean Lemoyne, professeur de L’UQTR spécialisé en psychopéda­gogie et éducation physique et à la santé.

Celui qui a mené des travaux de recherche en participat­ion au sport est par ailleurs d’avis que mentalemen­t, plusieurs pourraient craindre les risques de contagion même quand il sera permis de retourner s’entasser dans un amphithéât­re.

« À moyen et long terme, il faudra qu’il y ait des guides de bonnes pratiques et de pratiques à proscrire. Par contre, tu ne peux pas imposer des lois là-dessus. Il faut miser sur une approche d’éducation et de sensibilis­ation. »

RECHERCHES AFFECTÉES

Pour Martin Descarreau­x, directeur adjoint au Réseau intersecto­riel de recherche en santé de l’université du Québec (RISUQ), c’est inévitable, la recherche en infectiolo­gie sera appelée à se développer, peut-être au détriment d’autres recherches dans le monde du sport.

« On voit déjà des concours de subvention­s qui naissent en infectiolo­gie. Il faudra voir comment le gouverneme­nt pourra faire pour arriver à dégager des ressources sans pénaliser les champs d’activités prioritair­es des derniers mois », a-t-il indiqué en mentionnan­t notamment les recherches musculo-squelettiq­ues et sur les commotions cérébrales.

Newspapers in French

Newspapers from Canada