La distanciation difficilement viable
Difficile d’imaginer des gradins d’arénas ou de stades remplis en respectant les principes actuels de distanciation sociale.
Il n’existe pas des tonnes de solutions pour limiter la propagation dans des amphithéâtres sportifs remplis, croit Benoît Barbeau, spécialisé entre autres en virologie, au Département des sciences biologiques de L’UQAM.
« Exiger de la distanciation dans les estrades ne fonctionnerait pas. On installerait les spectateurs à quelques sièges de distance pour qu’ils aillent ensuite se retrouver dans un bar après un match? Ce n’est pas viable.
« La seule pratique qui vaille, c’est d’insister sur le lavage des mains et de développer le réflexe de le faire pendant 20 secondes plutôt que trois. Il faudra songer à mettre des affiches claires dans les toilettes et à faire des rappels constants. Sinon, on ne peut pas demander à des joueurs ou des spectateurs de s’isoler du reste de la planète », affirme-t-il.
Après la pandémie, il est permis de se demander si la pratique du sport ne sera pas affectée directement à la base, chez les jeunes.
« La roue débarque et on ne sait pas à quel point les gens qui vont connaître la précarité vont délaisser la pratique du sport chez leurs enfants. L’environnement socioéconomique va changer et toucher le monde du sport », estime Jean Lemoyne, professeur de L’UQTR spécialisé en psychopédagogie et éducation physique et à la santé.
Celui qui a mené des travaux de recherche en participation au sport est par ailleurs d’avis que mentalement, plusieurs pourraient craindre les risques de contagion même quand il sera permis de retourner s’entasser dans un amphithéâtre.
« À moyen et long terme, il faudra qu’il y ait des guides de bonnes pratiques et de pratiques à proscrire. Par contre, tu ne peux pas imposer des lois là-dessus. Il faut miser sur une approche d’éducation et de sensibilisation. »
RECHERCHES AFFECTÉES
Pour Martin Descarreaux, directeur adjoint au Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’université du Québec (RISUQ), c’est inévitable, la recherche en infectiologie sera appelée à se développer, peut-être au détriment d’autres recherches dans le monde du sport.
« On voit déjà des concours de subventions qui naissent en infectiologie. Il faudra voir comment le gouvernement pourra faire pour arriver à dégager des ressources sans pénaliser les champs d’activités prioritaires des derniers mois », a-t-il indiqué en mentionnant notamment les recherches musculo-squelettiques et sur les commotions cérébrales.