PAYS MARTYR DE LA PANDÉMIE
C’est dans ce pays de l’europe qu’on a recensé le plus de morts jusqu’à ce que les États-unis les dépassent
Les mauvaises nouvelles se sont accumulées dès le départ à un rythme effarant pour l’italie, un des pays le plus éprouvés par la crise mondiale de la COVID-19.
Villes fermées, nouveaux cas par milliers, une centaine de morts par jour, la situation semblait irréelle, ici, de l’autre côté de l’atlantique. La pandémie d’abord limitée à la Chine s’installait brutalement en Europe.
Face à cet enchaînement incontrôlable, Rome a mis en place le 10 mars des limites sévères aux déplacements et aux rassemblements de l’ensemble des 60 millions d’italiens.
« Nos habitudes doivent changer maintenant, nous devons tous renoncer à quelque chose pour le bien de l’italie », soulignait alors le chef du gouvernement, Giuseppe Conte.
La décision est survenue deux semaines après les premiers décès dans le pays.
Certains commentateurs ont affirmé que ces mesures étaient dignes d’un régime autoritaire, comme la Chine. C’était mal prévoir ce qu’allait bientôt réserver l’avenir à l’ensemble de la planète.
Très vite, l’inimaginable est donc devenu réalité.
L’interdiction des déplacements n’était qu’une première étape. Ensuite sont venus la fermeture de tous les commerces non essentiels et le confinement à domicile.
Aux balcons des rues vides, les Italiens, résilients, se sont mis à chanter et à jouer de la musique pour leurs voisins, pour leurs quartiers, un mouvement qui a été repris ailleurs dans le monde.
Venise, haut lieu du tourisme mondial, a été interdite aux visiteurs. Les images de la place Saint-marc désespérément vide ont fait frémir la planète.
Les autres endroits fréquentés en masse par les touristes ont connu le même sort. Cette fin de semaine, Florence, Naples, Rome et le Vatican étaient toujours privés de presque toute présence humaine.
Mais ces lieux vides ne sont rien comparativement à ce qu’a souffert et ce que souffre encore le peuple italien.
L’italie comptait le plus grand nombre de morts causés par la COVID-19 dans le monde, jusqu’à ce que les États-unis la dépassent au cours du week-end.
Le nom de Bergame, jolie ville pittoresque du nord de l’italie et chef-lieu d’une province du même nom, restera gravé dans les esprits. On considère la région comme l’un des endroits les plus éprouvés au pays.
BEAUCOUP DE MORTS
Près de 2400 victimes ont été recensées sur une population de 480 000 personnes. En proportion, c’est comme si 42 500 personnes étaient mortes de la COVID-19 au Québec alors qu’on en dénombrait 289 hier soir.
Dans les rues de Bergame, la CroixRouge a remplacé les services municipaux d’urgence, dépassés par la situation. Ces bénévoles ont eu la difficile tâche d’aller de maison en maison pour identifier les mourants – la plupart des personnes âgées – et préparer l’hospitalisation des survivants, a-t-on pu voir dans les reportages.
Dans les églises et les morgues, les cercueils se sont alignés sur le sol en rangs macabres, alors que des prêtres les aspergeaient d’eau pour une dernière bénédiction. À l’entrée des cimetières, les corbillards ont fait la file avant de pouvoir y accéder.
MAL COMPRIS
« Nous avons tous des proches, des amis, des connaissances, qui sont malades, hospitalisés ou même mourants », a expliqué le maire de la ville, Giorgio Gori, en entrevue au Huffington Post Italie.
Le politicien a reconnu que le danger du virus a d’abord été mal compris par les autorités italiennes.
« Au début de l’épidémie, nous avons fait des erreurs de sous-estimation, a-til dit. Nous avons pensé que prudence, respect des règles, distances de sécurité et vie normale pouvaient suffire. Nous étions préoccupés par le virus, mais aussi par les activités économiques de nos villes, des commerces […]. Mais cet équilibre ne pouvait pas tenir. »
L’italie a payé chèrement son insouciance insouciance.