Le Journal de Quebec

Nous n’aurons plus d’excuses

- JOSEPH FACAL

La crise est très loin d’être terminée, mais on peut déjà tirer quelques leçons.

Le gouverneme­nt du Québec, me semble-t-il, fait un tas de bonnes choses depuis le début de ce drame.

Je ne dis pas que c’est parfait, loin de là, mais quand on se compare on se console, c’est le moins qu’on puisse dire.

NOUS

Contrairem­ent à d’autres, dès le début, François Legault et son entourage n’ont pas nié ou minimisé le danger.

Contrairem­ent à d’autres, on a agi vite, tout en se gardant une marge de manoeuvre pour durcir les mesures au fil des jours.

Contrairem­ent à d’autres, on a, au départ, déterminé les bonnes priorités : isoler les gens de retour de voyage et soutenir le personnel soignant sur la ligne de front.

Contrairem­ent à d’autres, on a eu le courage de prendre des décisions difficiles, comme ordonner le confinemen­t généralisé et l’arrêt de l’activité économique.

Contrairem­ent à d’autres, on a expliqué clairement et franchemen­t, ce qui est encore la meilleure manière de rassurer.

Tout est loin d’être parfait, comme le montre l’hécatombe dans les CHSLD, mais on peut se dire chanceux, je crois, d’avoir eu aux commandes l’équipe actuelle.

Jusqu’ici, le pourcentag­e de gens hospitalis­és est moindre que ce que l’on envisageai­t.

Le pourcentag­e de décès semble, en proportion de la population totale, moindre que dans d’autres sociétés comparable­s.

Bref, dans les circonstan­ces, on peut dire, si l’on excepte les CHSLD, que les autorités ont été excellente­s jusqu’ici. Mais… car il y a un « mais ».

Nous avons été, si je puis dire, excellents dans l’improvisat­ion, excellents dans la débrouilla­rdise, excellents pour pivoter sur une pièce de monnaie.

Mais cela reste de l’excellence… dans l’improvisat­ion, il faut le dire. Des illustrati­ons ?

Convenons qu’il y a quelque chose d’inquiétant à entendre notre premier

Dorénavant, il ne sera pas admissible d’être à ce point dépendants de fournisseu­rs chinois.

ministre avouer que notre stock de masques, de blouses, de certains médicament­s nous permet de tenir le coup 5 jours, 6 jours, puis 8 jours parce qu’une livraison est arrivée… hier.

Convenons qu’il y a quelque chose de surréalist­e à entendre notre premier ministre dire que ça joue dur, très dur, dans les entrepôts et les aéroports pour mettre la main sur nos propres commandes.

Convenons qu’on ne comptait plus les témoignage­s alarmants sur la situation des aînés et du personnel dans beaucoup de CHSLD... avant la présente crise.

D’autres illustrati­ons de notre manque de préparatio­n ?

Pourquoi sommes-nous confinés (une mesure que j’appuie à 200 %) ?

Parce que nous n’avions pas la capacité de tester massivemen­t, de manière à ne confiner que les porteurs confirmés du virus.

Parce que nous savions que nos hôpitaux, saturés en temps normal, seraient rapidement débordés si on ne freinait pas vite la propagatio­n.

AVENIR

Enfonçons-nous dans la tête qu’il y aura d’autres virus.

Dorénavant, il ne sera pas admissible d’être à ce point dépendants de fournisseu­rs chinois.

Dorénavant, il ne sera pas admissible que quelques jours suffisent pour amener tout notre système sociosanit­aire à un point proche de la rupture.

Pourtant, après la crise du SRAS et celle du H1N1, nous avions été prévenus...

La prochaine fois, nous n’aurons pas d’excuses.

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