Nous n’aurons plus d’excuses
La crise est très loin d’être terminée, mais on peut déjà tirer quelques leçons.
Le gouvernement du Québec, me semble-t-il, fait un tas de bonnes choses depuis le début de ce drame.
Je ne dis pas que c’est parfait, loin de là, mais quand on se compare on se console, c’est le moins qu’on puisse dire.
NOUS
Contrairement à d’autres, dès le début, François Legault et son entourage n’ont pas nié ou minimisé le danger.
Contrairement à d’autres, on a agi vite, tout en se gardant une marge de manoeuvre pour durcir les mesures au fil des jours.
Contrairement à d’autres, on a, au départ, déterminé les bonnes priorités : isoler les gens de retour de voyage et soutenir le personnel soignant sur la ligne de front.
Contrairement à d’autres, on a eu le courage de prendre des décisions difficiles, comme ordonner le confinement généralisé et l’arrêt de l’activité économique.
Contrairement à d’autres, on a expliqué clairement et franchement, ce qui est encore la meilleure manière de rassurer.
Tout est loin d’être parfait, comme le montre l’hécatombe dans les CHSLD, mais on peut se dire chanceux, je crois, d’avoir eu aux commandes l’équipe actuelle.
Jusqu’ici, le pourcentage de gens hospitalisés est moindre que ce que l’on envisageait.
Le pourcentage de décès semble, en proportion de la population totale, moindre que dans d’autres sociétés comparables.
Bref, dans les circonstances, on peut dire, si l’on excepte les CHSLD, que les autorités ont été excellentes jusqu’ici. Mais… car il y a un « mais ».
Nous avons été, si je puis dire, excellents dans l’improvisation, excellents dans la débrouillardise, excellents pour pivoter sur une pièce de monnaie.
Mais cela reste de l’excellence… dans l’improvisation, il faut le dire. Des illustrations ?
Convenons qu’il y a quelque chose d’inquiétant à entendre notre premier
Dorénavant, il ne sera pas admissible d’être à ce point dépendants de fournisseurs chinois.
ministre avouer que notre stock de masques, de blouses, de certains médicaments nous permet de tenir le coup 5 jours, 6 jours, puis 8 jours parce qu’une livraison est arrivée… hier.
Convenons qu’il y a quelque chose de surréaliste à entendre notre premier ministre dire que ça joue dur, très dur, dans les entrepôts et les aéroports pour mettre la main sur nos propres commandes.
Convenons qu’on ne comptait plus les témoignages alarmants sur la situation des aînés et du personnel dans beaucoup de CHSLD... avant la présente crise.
D’autres illustrations de notre manque de préparation ?
Pourquoi sommes-nous confinés (une mesure que j’appuie à 200 %) ?
Parce que nous n’avions pas la capacité de tester massivement, de manière à ne confiner que les porteurs confirmés du virus.
Parce que nous savions que nos hôpitaux, saturés en temps normal, seraient rapidement débordés si on ne freinait pas vite la propagation.
AVENIR
Enfonçons-nous dans la tête qu’il y aura d’autres virus.
Dorénavant, il ne sera pas admissible d’être à ce point dépendants de fournisseurs chinois.
Dorénavant, il ne sera pas admissible que quelques jours suffisent pour amener tout notre système sociosanitaire à un point proche de la rupture.
Pourtant, après la crise du SRAS et celle du H1N1, nous avions été prévenus...
La prochaine fois, nous n’aurons pas d’excuses.