Une négligence impardonnable
Qu’il y ait un ou plusieurs bourreaux, l’enquête criminelle nous l’apprendra. Mais toujours est-il que les résidents de l’infâme CHSLD Herron sont des martyrs.
Depuis des semaines, des mois sinon des années, le CHSLD privé appartenant à la famille Chowieri, qui en possède plusieurs et d’autres résidences et immeubles également, est l’objet d’enquêtes et de critiques sans lendemain.
Les graves négligences subies par les patients laissés sans soins dans des lits souillés, coupés de leur famille, atteints de la COVID-19 ou agonisants seuls avant de décéder sont tout à fait impardonnables.
Ce centre privé empeste la négligence ainsi que d’autres qui sont publics, comme à Lasalle où grâce au témoignage d’une étudiante à la maîtrise en microbiologie et immunologie, Terrie Laplante-beauchamp, qui y avait travaillé, on apprend que les vieux sont malmenés, et ce, depuis des décennies.
MOUROIRS
La pandémie a permis de mettre en lumière ces « mouroirs » laissés pour compte dans les budgets de l’état durant la période où les libéraux engrangeaient des revenus sous les applaudissements des adorateurs du progrès économique grâce aux coupures efficaces.
Souvenons-nous des feux rouges au moment où les médias révélaient que les résidents de certains CHSLD ne pouvaient prendre de bain, qu’ils portaient les mêmes vêtements sales pendant plusieurs jours et qu’ils consommaient une nourriture infecte.
Rappelons-nous l’ancien ministre Barrette déclarant que c’était les vieux qui refusaient de se laver. Une autre fois, il avait annoncé devant les caméras de télévision que la nouvelle nourriture gastronomique qu’il mangeait avec appétit dans une résidence serait désormais servie aux aînés des CHSLD.
Le Québec en pandémie qui veut protéger ses vieux expose les failles profondes du système. La maltraitance n’est pas volontaire, mais c’est la conséquence directe de l’indigence matérielle qui dure depuis des décennies et de la décision de parquer de plus en plus de vieux dans une promiscuité dangereuse.
RISQUE
Les vieux coûtent cher et ne rapportent rien. Ce constat trop de gens le pensent sans le mettre en mots. Les vieux sont donc un fardeau. Mais pourquoi 19 % des gens autonomes de 65 ans et plus « cassent maison » pour vivre en résidence, ce qui est trois fois plus qu’ailleurs au Canada ? Avec comme conséquence, lors de crises sanitaires, qu’elles sont certainement plus à risque que si elles vivaient seules chez elles.
Les martyrs de Dorval, de La Salle et ailleurs doivent être vengés. Faudrait-il se soumettre à une confession collective ? Les lanceurs d’alerte sur la maltraitance des résidents dans tous les types de résidences ont été nombreux, mais la mémoire étant une faculté qui oublie, ils sont vite disparus.
L’ineffable Dr Barrette, hyper médiatisé durant la pandémie, se vante d’être au-dessus de la partisanerie. Pour faire oublier peut-être que comme ministre de la Santé il a en quelque sorte mis la hache dans les soins à domicile en créant ce monstre technocratique centralisé où les décisions sont prises sans égard à la réalité sur le terrain. Le gouvernement Legault devra après la crise remettre de l’humanité dans ces mouroirs de honte collective.
Quel bonheur y a-t-il à être vieux au Québec, dites-moi ?