Les aînés écopent
La COVID-19 met en lumière les zones d’ombre de nos sociétés. On le voit avec le sort des aînés, des personnes âgées.
Depuis quelques jours, les nouvelles sont glaçantes et François Legault, dans son point de presse de samedi, n’exprimait pas une colère feinte. On peine à reconnaître dans ces histoires d’horreur une société civilisée.
AÎNÉS
Certaines résidences privées sont des mouroirs coûteux sans luxe, où on peut manifestement laisser les vieux crever, souillés et baignant dans leurs excréments.
Au-delà des événements rapportés à la résidence Herron, il faut dégager une vision d’ensemble du sort réservé aux aînés.
Nos sociétés qui se veulent hyper-productives, ne savent trop quoi faire avec eux.
Tant qu’ils jouent le rôle de retraités heureux, prospères et autonomes, on les aime. Ils incarnent une promesse plaisante, celle de jouir jusqu’à la tombe.
Mais lorsqu’ils déclinent, lorsqu’ils sont en « perte d’autonomie », comme on dit, on les juge encombrants, et on les parque alors dans des centres afin qu’ils ne dérangent plus trop, encadrés par du personnel trop souvent souspayé.
Là, ils égrènent leurs derniers jours, ou leurs dernières années, souvent seuls, à se demander probablement comment la vie peut se terminer sur une note aussi triste. On aimerait bien qu’ils soient mieux traités, mais on ne remet pas en question l’idée de les entasser dans des résidences comme s’il fallait les chasser de notre regard.
FAMILLE
Certains y voient la conséquence inévitable d’une modernité qui a fait éclater la famille en prétendant la recomposer. L’individualisme extrême a un prix. Les vieux paient la note.
Qu’on ne me comprenne pas mal : cela n’empêche pas l’immense majorité des hommes et des femmes de se préoccuper de leurs parents. Mais collectivement, il y a un choix, conscient ou inconscient, derrière cette relégation des aînés dans les parcs spécialisés. Il ne serait pas sot de le questionner.