Le CHSLD Herron avait besoin d’aide
Des courriels et des textos permettent de comprendre ce qui s’est joué à la résidence où 31 aînés sont décédés
« – Est-ce que des employés sont rentrés travailler ? – Non. Nous avons besoin d’aide. »
Personnel manquant ou en quarantaine, peur chez des employés, pénurie d’équipements ; toutes les conditions étaient réunies pour qu’une crise ait lieu au CHSLD Herron, à Dorval, où plus d’une trentaine d’aînés sont morts dans les dernières semaines.
Une série de courriels et de messages textes obtenus par notre Bureau d’enquête permettent de mieux comprendre la tempête dans laquelle étaient plongés les dirigeants du centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) et du centre intégré de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’ouest-de-l’île-de-montréal, au moment de la mise en tutelle de l’établissement, le 29 mars.
Le même jour, deux patients décédaient. Depuis, les témoignages d’aînés gardés dans des conditions atroces se sont multipliés.
QUI DIT VRAI ?
Deux versions s’affrontent : celle du CIUSSS, qui affirme que les dirigeants du CHSLD ne se sont pas assurés que les soins étaient adéquats et qu’ils ont refusé de fournir des informations lorsque le CIUSSS a pris le contrôle de l’établissement.
De leur côté, les dirigeants du CHSLD soutiennent que c’est le CIUSSS qui n’a pas collaboré.
La propriétaire Katherine Chowieri y est allée d’allégations graves concernant des mesures de protection qui n’auraient pas été respectées par l’équipe du CIUSSS, dans une lettre transmise à la ministre de la Santé le 9 avril et dévoilée dimanche par notre Bureau d’enquête.
Pour faire la lumière, trois enquêtes sont en cours : une enquête criminelle de la police de Montréal, une du coroner et une autre du ministère de la Santé.