Protéger leur cul
Ainsi, les propriétaires du CHSLD Herron à Dorval refusent catégoriquement d’admettre qu’ils ont été négligents.
« Ce n’est pas facile de se faire dire que nous sommes des assassins quand tout ce qui nous tient à coeur et est primordial pour nous, c’est la santé, la sécurité et le bien-être de nos résidents », a soutenu l’une des gestionnaires et des propriétaires du CHSLD au Bureau d’enquête.
Souvent, les organismes protègent leur réputation au lieu de protéger le public.
LA CULTURE DU SECRET
Nous prend-on pour des valises ? Si les gestionnaires du CHSLD Herron avaient vraiment eu la santé et la sécurité de leurs résidents à coeur, ils n’auraient pas hésité deux secondes et auraient demandé de l’aide aux autorités la minute même où ils commençaient à sentir que la situation devenait hors de contrôle.
Mais ils ne l’auraient pas fait et auraient même caché des informations importantes concernant des résidents, selon le CIUSSS.
Pourquoi ? Est-ce parce que l’important n’était pas de protéger la santé des résidents, mais plutôt de protéger leur réputation ?
Ou, comme on dit en bon québécois, de « protéger leur cul » ?
LE SYNDROME TCHERNOBYL
C’est toujours la même histoire. Qu’ont fait les dirigeants russes lorsque la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé ?
Ils ont menti au monde entier pour protéger leur cul.
Qu’on fait les dirigeants chinois quand il devenait clair qu’une dangereuse épidémie avait éclaté dans la région de Wuhan ?
Ils ont menti au monde entier pour protéger leur cul.
Tout d’abord, comme l’a dévoilé un long reportage du New York Times publié le 29 mars dernier, les autorités locales ont refusé d’alerter les responsables de la santé publique du pays pour ne pas passer pour des incompétents aux yeux du régime communiste.
Puis, une fois que de courageux médecins ont sonné l’alarme, les responsables de la santé publique ont caché l’ampleur du danger à la population.
Et enfin, les dirigeants du pays ont sciemment menti à la face du monde.
Bref, tout le monde (du plus bas échelon au plus haut) a protégé son cul.
Pendant des semaines, les autorités chinoises (locales, régionales et nationales) savaient ce qui se passait, mais ne faisaient rien.
Pour ne pas entacher la réputation du régime communiste de Xi Jinping.
Résultat : la planète entière est dans la merde.
QUESTIONS SANS RÉPONSE
C’est le propre de la bureaucratie. Trop souvent, les gestionnaires d’organismes publics ou privés préfèrent protéger leur cul plutôt que protéger la population.
Pourquoi les anciens employés du CHSLD Herron n’ont-ils rien dit ?
Pourquoi les propriétaires du CHSLD ne se sont-ils pas manifestés plus tôt?
Et pourquoi plusieurs jours après que le CIUSSS de l’ouest-de-l’île-de-montréal eut mis le CHSLD Herron sous tutelle, les problèmes ont-ils persisté?
Sans que le gouvernement soit mis au courant ?
Que se serait-il passé si les médias (dans ce cas-ci, The Montreal Gazette et City News) n’avaient pas sorti l’histoire ? Combien de jours cette situation horrible aurait-elle perduré ?
L’enquête nous permettra d’obtenir des réponses à ces questions.
Les systèmes que nous mettons en place sont censés protéger les citoyens.
Mais trop souvent, on a l’impression que ces systèmes et ces organismes consacrent leurs énergies à se protéger eux-mêmes. À protéger « leur cul ».
On n’a qu’à penser à nos services de police…