Une progression « très lente » qui suscite l’optimisme
La région de Québec et l’est de la province n’ont pas atteint leur pic
La progression constante, mais lente de cas de COVID-19 dans la région de Québec et l’est de la province est de bon augure, mais le public doit s’armer de patience pour faire face aux prochains mois, estiment plusieurs experts.
Hier, la direction de la santé publique de la Capitale-nationale a recensé 36 nouveaux cas, en plus d’un décès, tandis que la région de Chaudière-appalaches compte 25 cas supplémentaires.
« Notre moyenne était environ de 10 cas par jour. Maintenant, c’est plus. Est-ce que ça va continuer comme ça? On ne sait pas », laisse planer la nouvelle directrice de la santé publique de Chaudière-appalaches, Liliana Romero, arrivée en poste en pleine crise le 29 mars dernier.
« C’est une situation où c’est important que les citoyens sachent que ça va durer de longs mois. Une fois arrivés au pic, ça va continuer », précise-t-elle, insistant sur l’importance d’intégrer à la routine les précautions hygiéniques comme le lavage des mains.
La « bonne nouvelle », c’est que la progression reste « très lente », remarque la patronne régionale, du moins en comparaison de la grande région de Montréal où les personnes contaminées s’ajoutent par centaines chaque jour.
IMMUNITÉ COLLECTIVE
Selon la Dre Romero, le proverbial pic de la courbe devrait ainsi être atteint dans les deux prochaines semaines dans sa région d’intérêt, à condition que la tendance se maintienne.
« Le fait que ce soit une augmentation progressive lente, ça fait qu’on puisse préparer notre système de santé. C’est très important », rappelle celle qui était jusqu’à récemment au service des maladies infectieuses de la direction de la santé publique.
ADAPTER LES MESURES
Si Montréal est l’épicentre québécois du virus, les régions sont néanmoins soumises aux mêmes mesures restrictives que la métropole. Le relâchement imminent de ces directives devra se faire selon les particularités régionales, pointe Liliana Romero.
« Chaque région a sa propre épidémie à gérer. Le sommet de la courbe n’arrivera pas en même temps qu’à Montréal », estime la Dre Cécile Trembla y, microbiologiste-infect iologue au CHUM.
Quant à l’objectif d’immunité collective, « on en parle beaucoup trop », juge la Dre Tremblay.
« Il ne faut pas oublier que ça prend un taux assez élevé pour que ça joue un rôle. On parle autour de 60 % de la population, rappelle-t-elle. Ça peut prendre deux, trois ans avant que le Québec ait une immunité collective suffisamment importante pour que ça ait un impact. »
Au-delà des nombreux scénarios évoqués par les autorités publiques, un fait demeure : le virus ne s’est pas encore complètement dévoilé et plusieurs éléments restent inconnus des scientifiques, prévient le professeur Benoît Barbeau, de L’UQAM
« Maintenant, il faut voir si les prédictions sont justes et si, en effet, les cas d’infection vont commencer à diminuer. On est dans la bonne direction, mais on ne sait aucunement ce qui peut arriver », souligne l’expert en virologie.