« Pression » pour libérer plus rapidement des détenus en pénitencier
Des agents de libération conditionnelle dénoncent la « pression » mise par les services correctionnels pour libérer plus rapidement et avec moins d’encadrement des détenus afin de faire face à la pandémie.
« Les valves sont ouvertes », dénonce Yvon Barrière, vice-président exécutif régional de l’alliance de la fonction publique du Canada (Afpc-québec), qui refuse que les quelque 300 agents de libération conditionnelle qu’il représente soient « complices d’une gestion de risque improvisée », qui pourrait mettre en danger la sécurité du public.
Le 31 mars, le ministre Bill Blair demandait à la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) et à Service correctionnel Canada (SCC) de déterminer « si des mesures pourraient être prises pour faciliter la libération anticipée de certains délinquants », afin de mieux contrôler une éventuelle éclosion de COVID-19 entre les murs d’un établissement.
RÉVISION DES DOSSIERS
Dans les jours suivants, des directives ont été envoyées aux agents de libération conditionnelle afin que soient révisés les dossiers de certains détenus, notamment en fonction de leur état de santé, de leur âge et de leur dangerosité.
« Comme si les décisions prises avant la pandémie n’étaient plus bonnes, déplore M. Barrière. Tous les cas étudiés en décembre, janvier et février pour une semi-liberté, qui ont été refusés, sont en train d’être revus. Mais pas de pandémie, pas d’appel du ministre Blair et ces gars-là demeurent incarcérés jusqu’à la fin de leur mandat ! »
CONDITIONS ASSOUPLIES
Une pression serait aussi faite pour assouplir les conditions encadrant la semi-liberté. « Par exemple, quelqu’un qu’on enverrait en maison de transition et en thérapie, on nous demande de réévaluer pour voir si on ne peut pas l’envoyer chez lui », dénonce un agent de libération conditionnelle d’expérience.
C’est que les maisons de transition débordent. « Et même dans les maisons de transition, on leur demande aussi d’évaluer la pertinence que des cas s’en aillent à résidence », poursuit ce même agent.
Il n’a pas été possible de savoir si des détenus avaient, jusqu’ici, été libérés plus tôt que prévu. La CLCC n’a pas répondu à nos questions, hier.
De son côté, le SCC affirme examiner « les options entourant la mise en liberté en toute sécurité des délinquants dans la collectivité ».