Le Journal de Quebec

Casse-tête pour les agriculteu­rs

La main-d’oeuvre étrangère arrive au compte-gouttes

- DOMINIQUE LELIÈVRE

La crise du coronaviru­s plonge dans l’incertitud­e les agriculteu­rs québécois. La venue de la main-d’oeuvre étrangère se fait difficilem­ent et nécessite des aménagemen­ts exceptionn­els dans les fermes.

Depuis samedi, près de 500 travailleu­rs temporaire­s mexicains ont atterri à Montréal dans trois vols nolisés, pour ensuite être amenés dans diverses fermes. Un autre vol est attendu ce matin.

La Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME) explique qu’elle concentre ses énergies à faire venir les ouvriers qui avaient déjà toutes les autorisati­ons nécessaire­s avant la pandémie.

Pour les autres, c’est plus compliqué, mentionne son directeur général, Fernando Borja. Dans les pays de l’amérique centrale où le Québec puise sa main-d’oeuvre, le traitement des demandes est plus lent depuis le début de la pandémie.

Au Guatemala, la circulatio­n des personnes est interdite entre les régions, tant et si bien que les travailleu­rs ne peuvent se rendre à l’aéroport.

MOINS DE TRAVAILLEU­RS

Au rythme où vont les choses, il est possible que seulement la moitié des 14 000 travailleu­rs agricoles saisonnier­s qui viennent habituelle­ment au Québec fassent le voyage en 2020. « On espère que ça ne va pas être ça, mais c’est une possibilit­é dans le contexte actuel », précise M. Borja.

« On ne sait pas combien on va en avoir, on ne sait pas quand on va les avoir, mais ce qu’on présume, c’est qu’on va en avoir beaucoup moins que normalemen­t », résume Louis Gosselin, producteur de fraises à l’île d’orléans, près de Québec.

Selon l’associatio­n des producteur­s maraîchers du Québec, des producteur­s ont réduit de 20 % les plantation­s en serre de légumes comme les brocolis, la laitue ou les poivrons, par crainte de manquer d’ouvriers au moment de la récolte.

Un autre agriculteu­r de l’île d’orléans,

Guy Pouliot, se considère pour sa part « chanceux » d’avoir accueilli, samedi, 110 travailleu­rs mexicains, soit la moitié des effectifs dont il aura besoin.

PROTOCOLE

« On a un gros protocole à respecter qui nous est imposé », qui comprend un isolement obligatoir­e de 14 jours pour tous les travailleu­rs, explique le copropriét­aire de la ferme Onésime Pouliot. Ces derniers sont donc logés et nourris par l’entreprise et ne peuvent travailler ni sortir de chez eux, sauf pour prendre l’air, pendant deux semaines.

M. Pouliot a remarqué qu’ils sont très sensibles à la prévention du coronaviru­s. D’ailleurs, certains lui ont demandé de continuer à leur fournir l’épicerie après la quarantain­e par « peur » de tomber malade en faisant leurs courses eux-mêmes.

Le gouverneme­nt fédéral a annoncé, hier, une enveloppe de 50 millions $ pour aider le secteur agricole à couvrir les frais d’isolement obligatoir­e des travailleu­rs étrangers temporaire­s.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? La ferme Onésime Pouliot située à Saint-jean-de-l’île-d’orléans, près de Québec, héberge depuis samedi 110 travailleu­rs mexicains. Ils ont été placés en quarantain­e pour 14 jours . En mortaise, des autobus ont été nolisés, hier matin, pour aller chercher plus d’une centaine de travailleu­rs temporaire­s à l’aéroport Pierre-elliott-trudeau de Montréal.
PHOTOS COURTOISIE La ferme Onésime Pouliot située à Saint-jean-de-l’île-d’orléans, près de Québec, héberge depuis samedi 110 travailleu­rs mexicains. Ils ont été placés en quarantain­e pour 14 jours . En mortaise, des autobus ont été nolisés, hier matin, pour aller chercher plus d’une centaine de travailleu­rs temporaire­s à l’aéroport Pierre-elliott-trudeau de Montréal.

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