Les banquiers doivent eux aussi faire leur part
L’an passé, les six grandes banques canadiennes et Desjardins ont empoché 89 milliards $ en revenus nets d’intérêt sur les prêts et cartes de crédit.
Avec une telle marge de profits, un petit effort bancaire additionnel me semble justifié !
J’invite donc les banques canadiennes et les caisses Desjardins à faire preuve d’une plus grande collaboration financière dans le cadre de l’effort de guerre déployé par le fédéral et les provinces contre les dramatiques conséquences financières de la COVID-19 sur les particuliers et les entreprises.
Le monde bancaire offre actuellement à ses clients affectés par une perte de revenu un report de paiement sur les prêts hypothécaires, les marges de crédit, les prêts personnels et les cartes de crédit. Et le client éclopé, dont la demande de report est acceptée (analyse cas par cas), aura droit à une réduction temporaire de taux d’intérêt sur sa carte de crédit.
C’est un bel effort, mais nettement insuffisant.
MAUVAISE STRATÉGIE
Selon un récent sondage de la firme DART & maru/blue, quelque 1,3 million de Canadiens pensent devoir déclarer faillite d’ici trois mois si leur situation financière ne s’améliore pas considérablement.
On va s’entendre sur une chose : quand il y a faillite, d’un particulier ou d’une entreprise, tout le monde est perdant, y compris la banque ou la caisse.
Question aux dirigeants des institutions bancaires. Laquelle des deux options s’avérera la plus rentable pour eux-mêmes : UN, permettre à un client de survivre financièrement en lui facturant un faible taux d’intérêt, ou DEUX, l’étouffer avec des taux d’intérêt très élevés qui le conduiront en faillite ?
Bien entendu, c’est l’option UN de la survie à un faible taux d’intérêt qui s’avère la meilleure.
LES TAUX ABUSIFS
Pourquoi, en cette période de si faible taux directeur de la Banque du Canada, soit 0,25 %, des institutions bancaires continuent-elles de facturer des taux d’intérêt élevés sur les emprunts personnels (jusqu’à 15 %), les découverts de compte (jusqu’à 20 %), et les cartes de crédit (jusqu’à 21 %) ?
De tels taux abusifs ne peuvent qu’amener les clients les plus fragiles au bord du gouffre financier, surtout en cette si difficile période de paralysie économique.
Quand il y a faillite, d’un particulier ou d’une entreprise, tout le monde est perdant
RECOMMANDATIONS
Pour les six prochains mois, soit jusqu’à la fin octobre, il faudrait que les institutions bancaires plafonnent à un maximum de 5 % les taux d’intérêt qu’elles appliquent sur l’ensemble des prêts et marges de crédit consentis tant aux particuliers qu’aux entreprises.
Cette mesure doit inclure également les découverts de compte où on vous facture jusqu’à 20 % d’intérêt.
De plus, il est primordial que les banques et caisses étendent à tous les détenteurs de cartes de crédit le plafonnement des taux d’intérêt sur les cartes à un maximum de 10 %.
SOUTIEN GOUVERNEMENTAL
Les institutions bancaires vont voir leurs bénéfices chuter au cours des prochains trimestres.
Mais elles devraient s’estimer heureuses de voir Justin Trudeau, François Legault et les autres premiers ministres mettre de l’avant une panoplie de mesures financières visant à soutenir les particuliers et les entreprises victimes du coronavirus.
Sans ce secours gouvernemental, elles se retrouveraient avec une montagne de pertes sur prêts.
À leur tour de faire un effort additionnel !