Le Journal de Quebec

Les banquiers doivent eux aussi faire leur part

- Michel Girard

L’an passé, les six grandes banques canadienne­s et Desjardins ont empoché 89 milliards $ en revenus nets d’intérêt sur les prêts et cartes de crédit.

Avec une telle marge de profits, un petit effort bancaire additionne­l me semble justifié !

J’invite donc les banques canadienne­s et les caisses Desjardins à faire preuve d’une plus grande collaborat­ion financière dans le cadre de l’effort de guerre déployé par le fédéral et les provinces contre les dramatique­s conséquenc­es financière­s de la COVID-19 sur les particulie­rs et les entreprise­s.

Le monde bancaire offre actuelleme­nt à ses clients affectés par une perte de revenu un report de paiement sur les prêts hypothécai­res, les marges de crédit, les prêts personnels et les cartes de crédit. Et le client éclopé, dont la demande de report est acceptée (analyse cas par cas), aura droit à une réduction temporaire de taux d’intérêt sur sa carte de crédit.

C’est un bel effort, mais nettement insuffisan­t.

MAUVAISE STRATÉGIE

Selon un récent sondage de la firme DART & maru/blue, quelque 1,3 million de Canadiens pensent devoir déclarer faillite d’ici trois mois si leur situation financière ne s’améliore pas considérab­lement.

On va s’entendre sur une chose : quand il y a faillite, d’un particulie­r ou d’une entreprise, tout le monde est perdant, y compris la banque ou la caisse.

Question aux dirigeants des institutio­ns bancaires. Laquelle des deux options s’avérera la plus rentable pour eux-mêmes : UN, permettre à un client de survivre financière­ment en lui facturant un faible taux d’intérêt, ou DEUX, l’étouffer avec des taux d’intérêt très élevés qui le conduiront en faillite ?

Bien entendu, c’est l’option UN de la survie à un faible taux d’intérêt qui s’avère la meilleure.

LES TAUX ABUSIFS

Pourquoi, en cette période de si faible taux directeur de la Banque du Canada, soit 0,25 %, des institutio­ns bancaires continuent-elles de facturer des taux d’intérêt élevés sur les emprunts personnels (jusqu’à 15 %), les découverts de compte (jusqu’à 20 %), et les cartes de crédit (jusqu’à 21 %) ?

De tels taux abusifs ne peuvent qu’amener les clients les plus fragiles au bord du gouffre financier, surtout en cette si difficile période de paralysie économique.

Quand il y a faillite, d’un particulie­r ou d’une entreprise, tout le monde est perdant

RECOMMANDA­TIONS

Pour les six prochains mois, soit jusqu’à la fin octobre, il faudrait que les institutio­ns bancaires plafonnent à un maximum de 5 % les taux d’intérêt qu’elles appliquent sur l’ensemble des prêts et marges de crédit consentis tant aux particulie­rs qu’aux entreprise­s.

Cette mesure doit inclure également les découverts de compte où on vous facture jusqu’à 20 % d’intérêt.

De plus, il est primordial que les banques et caisses étendent à tous les détenteurs de cartes de crédit le plafonneme­nt des taux d’intérêt sur les cartes à un maximum de 10 %.

SOUTIEN GOUVERNEME­NTAL

Les institutio­ns bancaires vont voir leurs bénéfices chuter au cours des prochains trimestres.

Mais elles devraient s’estimer heureuses de voir Justin Trudeau, François Legault et les autres premiers ministres mettre de l’avant une panoplie de mesures financière­s visant à soutenir les particulie­rs et les entreprise­s victimes du coronaviru­s.

Sans ce secours gouverneme­ntal, elles se retrouvera­ient avec une montagne de pertes sur prêts.

À leur tour de faire un effort additionne­l !

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