Une ascension en pause
La boxeuse Leïla Beaudoin souhaite revenir plus forte après l’arrêt forcé
Pour plusieurs pugilistes qui commencent leur carrière professionnelle, l’arrêt forcé en raison de la pandémie de la COVID-19 tombe à un moment très inopportun. C’est notamment le cas de Leïla Beaudoin, qui doit ronger son frein plutôt que d’accumuler de l’expérience.
Il n’y a probablement pas de moment mieux qu’un autre pour vivre l’éloignement actuel de l’arène. Les vétérans avancés en âge diront que toutes ces semaines éloignées du ring pourraient sonner la dernière cloche.
Pour ceux qui débutent, le précieux volume accumulé à grands coups de combats dans les premiers mois d’un élan professionnel vaut son pesant d’or.
« Je sens que je rate du temps d’apprentissage pour devenir meilleure. Je suis encore une novice en boxe, j’ai tout à apprendre », a confié la boxeuse de 24 ans originaire du Bas-saint-laurent.
À ce jour, Beaudoin a remporté ses deux premiers combats et plusieurs la perçoivent comme une étoile montante de la boxe.
Sa force de frappe ne laisse aucun doute et au terme de son plus récent opus, le 21 février à Rimouski, le promoteur Camille Estephan, de Eye of the Tiger Management, voyait déjà sa protégée commencer à percer le firmament. « Après le combat, Camille m’a dit de me tenir prête. Il voulait vite me faire progresser pour que je devienne une boxeuse vedette. On visait un titre pour mes 25 ans et j’ai peur que mes objectifs ne soient plus atteignables. Quand j’y pense, ça me fait de la peine, mais on se retrouve tous dans le même bateau. Chaque chose en son temps », arrive-t-elle à philosopher.
DUR RETOUR
Leïla Beaulieu filait pourtant le parfait bonheur, tout juste revenue le 14 mars d’un voyage sous le soleil des Caraïbes, quand la nouvelle est tombée.
« Mon frère m’a dit que tous les galas étaient annulés. Sur le coup, tout le monde était sur le derrière. J’étais fâchée, mais avec du recul, je comprends que c’était la chose à faire. Le plus dur, en plus de ne pas pouvoir boxer, c’est de ne pas avoir d’objectifs. J’aime savoir où je m’en vais, et là, c’est le néant total », a-t-elle déploré. Malgré la situation, la cogneuse trouve tout de même le moyen de garder la forme pour le moment où les hostilités seront relancées.
« Mon père est directeur d’un gymnase et il a pu m’amener des équipements. J’ai pas mal ce qu’il faut pour des entraînements efficaces. Je n’ai pas de sac de sable, mais je montre la boxe à mon chum pour qu’on puisse faire des trucs, comme des pads. Il apprend vraiment vite », a-t-elle rigolé.
PAS AU FRONT
La résidente de Lévis a fait des études en soins infirmiers et a songé à s’impliquer au front dans la crise actuelle auprès des travailleurs de la santé. Toutefois, l’influenza l’a frappée de plein fouet plus tôt cet hiver, ce qui l’a convaincue de se tenir loin de la COVID-19.
« Je fais de l’asthme et l’influenza m’a ravagée au point d’avoir été obligée d’être hospitalisée. Je n’avais plus le moindre cardio, j’étais à bout de forces. Si j’attrape la COVID, je vais beaucoup trop reculer. Ceux qui font le sacrifice ont toute mon admiration », a-t-elle souligné.