Inquiétudes d’ici pour des familles lointaines
Confinés comme la majorité des Québécois, les athlètes de haut niveau gardent la forme et… s’inquiètent. Pour certains d’entre eux, d’origines diverses, c’est avec un océan les séparant de leurs proches qu’ils vivent leurs craintes liées à la pandémie de COVID-19.
« C’est assez grave comme situation et je m’inquiète pour ma famille, pour mes amis et particulièrement pour mes grands-parents en Angleterre et au Québec. Eux, ils sont vraiment dans la catégorie d’âge au risque le plus élevé. Je sais qu’ils font de leur mieux en s’isolant, mais ça fait peur un peu », nous dit William Paulson, médaillé d’or à l’épreuve de 1500 m des Championnats canadiens d’athlétisme tenus à Montréal en 2019.
L’EUROPE, LA PLUS TOUCHÉE
Ce coureur ratisse large dans l’étendue des préoccupations que suscite le fichu virus. Né à Oxford en Angleterre, où ses parents, son frère et ses deux soeurs vivent, Paulson détient également la citoyenneté canadienne en raison de l’origine de sa maman – Joëlle Cossette – originaire de Québec. Ses pensées vont donc aussi vers ses grands-parents, cousins et cousines d’ici. En prime, il réside et s’entraîne à temps plein à Eugene, en Oregon, un État américain de la côte ouest qui n’échappe pas aux règles de confinement.
Aux États-unis, on le sait, l’épidémie sombre dans des statistiques alarmantes, surtout dans l’état de New York. Malgré son ampleur, leur situation ne réussit pas à dévier notre attention de la catastrophe qui glace l’europe, certes le continent le plus endeuillé avec plus de 77 000 morts.
« Ça inquiète un peu quand toute la famille vit dans un pays qui est autant touché. Mais pour le moment, aucune personne n’a été infectée, j’en suis bien content », affirme le judoka Arthur Margelidon, pour qui la crise en France a mis en perspective sa déception d’attendre en 2021 pour vivre sa première participation aux Jeux olympiques.
« Le report des Jeux m’a beaucoup touché, ce qui est normal parce qu’on réagit toujours sous l’impulsion. Mais après coup, quand on réfléchit à ce qui se passe actuellement, on comprend que la santé de tout le monde est beaucoup plus importante que les Jeux olympiques, et ce, peu importe le sport qu’on pratique », observe le Montréalais, septième au classement mondial dans la catégorie des – 73 kilos.
DE L’ESPOIR
Un jour, les athlètes retrouveront leur routine d’entraînement. Entre-temps, certains s’accrochent au moindre indice, dont William Paulson. Durant ses sorties d’entraînement à Eugene, il aperçoit le stade Hayward Field de l’université de l’oregon, où les championnats du monde d’athlétisme, initialement prévus en août 2021, ont dû être repoussés l’année suivante en raison du report des Jeux olympiques de Tokyo.
« La construction du nouveau stade se poursuit. Il y a des centaines de travailleurs qui y vont jour et nuit, comme si rien n’a changé. La plupart des commerces sont fermés et il y a moins de gens dans la ville, mais ils vont quand même promener leur chien et faire de l’activité. On dirait qu’il y a plus de gens qui souhaitent sortir de chez eux », dit-il.
Le moindre horizon, aussi loin qu’en 2022, crée des sursauts d’espoir.