Le Journal de Quebec

Cancer et incertitud­e en plein coronaviru­s

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À l’aube de ses 40 ans, Chantal Bourgault, maman de deux jeunes enfants, vient non seulement d’encaisser un diagnostic de cancer du sein, mais la crise du coronaviru­s retarde son opération, sans laquelle la gravité de la maladie ne peut être déterminée avec certitude.

Mme Bourgault a appris la semaine dernière qu’elle souffrait d’un cancer du sein. Il s’agit d’« un diagnostic qui fesse énormément », même quand on possède une excellente capacité à gérer le stress, témoigne celle qui vit des moments d’angoisse insupporta­bles.

Après avoir ressenti une douleur inexpliqué­e, la jeune femme a pu obtenir en quelques jours seulement un rendez-vous, subir une mammograph­ie et une échographi­e, en plus de passer une biopsie.

Au Centre des maladies du sein, qui l’a prise en charge très rapidement, son médecin, qu’elle qualifie d’exceptionn­el, lui a expliqué que pour le moment, ce cancer en était à un stade zéro. La zone affectée s’étend sur six centimètre­s. Le problème, c’est qu’il lui faut toutefois pousser les tests plus loin, notamment au cours d’une interventi­on chirurgica­le, pour constater l’étendue du cancer, et donc en déterminer la réelle gravité.

« On se fait dire d’attendre à cause de la COVID, alors que des chirurgien­s, qui font un travail extraordin­aire en passant, sont disponible­s, mais ne peuvent faire de chirurgies », expose Chantal Bourgault.

Elle ne peut comprendre pourquoi les autorités ne rouvrent pas ces services pour les gens atteints de cancer. « Le cancer, ça tue vraiment beaucoup de monde, c’est malin aussi comme maladie. Je comprends tout à fait la situation avec le coronaviru­s, dans les CHSLD entre autres, mais il y a moyen de faire les deux [...] Je voudrais avoir la même chance de m’en sortir. »

« Le cancer, ça tue vraiment beaucoup de monde, c’est malin aussi comme maladie. »

VIVRE DANS L’INCERTITUD­E

Or la ministre de la Santé déclarait encore en point de presse, hier, que le système « s’occupe de tout ce qui est urgent et même semi-urgent ». Cela implique que des patients comme

Mme Bourgault, dont le cas nécessite plus d’investigat­ion, doivent attendre et vivre dans l’incertitud­e.

Rongée par l’inquiétude, comme trop d’autres patients dans une situation semblable, Mme Bourgault n’a absolument pas envie d’attendre de devenir un cas urgent pour passer sous le bistouri. « Je suis dans la totale incertitud­e, et comme un grand bout de mon sein est atteint, c’est là que ça devient inquiétant, souligne Mme Bourgault. Je voudrais qu’on enlève ce cancer de mon corps, parce que pour le moment, on ne sait pas s’il est répandu ou s’il se transporte ailleurs », déplore-t-elle.

IMPORTANTE CRAINTE

La Coalition priorité cancer révélait, la semaine dernière, que 68 % des répondants à un sondage ont vu l’un de leurs rendez-vous annulés en raison de la crise. Les patients vivent avec la crainte que leur cancer progresse, comme le révélait la Société canadienne du cancer récemment.

Pour sa part, Mme Bourgault bénéficie d’un soutien important de la part de son conjoint et de ses parents, mais comme ces derniers habitent Montmagny, ils ne peuvent être auprès d’elle. Elle s’inquiète aussi pour ses enfants, qui sont âgés de cinq et sept ans. « Je pense à ma famille, et c’est très difficile. »

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Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com
KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com
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Chantal Bourgault

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