« Levez les restrictions maintenant ! »
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur soutien à Donald Trump, hier, en Pennsylvanie
HARRISBURG | (AFP) « Rouvrir l’économie », soutenir Donald Trump et empêcher les gouverneurs démocrates d’utiliser la pandémie pour gagner des pouvoirs « illégaux » : près d’un millier de personnes ont manifesté hier contre le confinement à Harrisburg, la capitale de la Pennsylvanie.
Après une série de rassemblements dans une dizaine d’états ce week-end et d’autres prévus en Californie, dans l’ohio et au Colorado, cette manifestation était la première d’envergure dans cet État gouverné par un démocrate, Tom Wolf, et considéré comme un des États-clés pour l’élection présidentielle de 2020.
La Pennsylvanie a enregistré 33 000 cas de coronavirus et plus de 1200 décès, devenant le quatrième État américain le plus touché, loin derrière New York, le New Jersey et le Massachusetts. Les États-unis sont le pays le plus atteint par l’épidémie au monde, avec plus de 42 500 morts.
MANIFESTATION
Les klaxons ont résonné pendant plus de deux heures à Harrisburg, ville de 50 000 habitants où des centaines de véhicules, souvent des camionnettes ornées d’un drapeau américain avec des slogans pro-trump tracés sur les vitres, ont tourné autour du Capitole, le parlement local.
Une foule compacte de plusieurs centaines d’autres personnes s’était rassemblée sur les marches du Capitole, brandissant des pancartes dénonçant aussi bien les dommages à l’économie causés par le confinement que le gouverneur, accusé de profiter du virus pour s’arroger des pouvoirs « illégaux », ou le droit à l’avortement.
« La nouvelle normalité » imposée par le virus « ne veut pas dire que nous devions sacrifier nos libertés pour la sécurité [sanitaire] de notre pays », a lancé depuis le haut des marches du Capitole un parlementaire local républicain, Aaron Bernstine.
« Levez les restrictions maintenant ! », a renchéri Russ Diamond, autre élu républicain. « Nous ne pouvons pas laisser le remède être pire que le mal. »
CONFINEMENT « EXCESSIF »
Une autre intervenante, qui s’est présentée comme une infirmière, tout en dénonçant un confinement « excessif », a commencé son discours en reprochant aux manifestants de ne pas respecter les consignes de protection contre le virus.
« Ça m’attriste de voir que beaucoup d’entre vous ne portent pas de masques, que vous êtes côte à côte », a-t-elle déclaré, avant de se faire siffler et de devenir inaudible.
« Il faut qu’ils rouvrent, ou les petites entreprises vont mourir », a plaidé Anita Livelsberger, 55 ans, l’une des rares manifestantes masquées, dont le mari a une petite société de matériaux de construction près d’harrisburg.
Si de nombreux démocrates et experts en santé publique estiment que le gouvernement fédéral a tardé à prendre la mesure de l’épidémie, elle estime que Donald Trump « fait du bon travail ».
MINORITAIRES
Aussi bruyantes que soient ces manifestations, que Donald Trump a encouragées en jugeant que certains gouverneurs étaient allés « trop loin », elles semblent refléter des opinions minoritaires : un récent sondage Quinnipiac indique que plus de 80 % des Américains soutiennent les mesures de confinement.
Les États-unis ont recensé hier 1433 décès dus au coronavirus en 24 heures, en baisse par rapport à la veille, selon le comptage de l’université Johns Hopkins.