Le Journal de Quebec

Gouverner dans la panique

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal

Chaque jour, les nouvelles provenant des CHSLD continuent à nous miner le moral déjà malmené.

Que d’improvisat­ions dans la gestion quotidienn­e de la crise ! Mais peut-il en être autrement puisque les divers spécialist­es de crise sanitaire divergent sur les moyens à prendre ?

Au Québec, la peur d’être contaminés s’est emparée de nombre de préposés aux malades qui ont désormais délaissé leur poste.

Ajoutons à cela ceux qui sont en quarantain­e ou ont été déclarés positifs, qui continuent de travailler, devenant des contaminat­eurs par la force des choses.

Désormais, la panique semble s’être emparée du gouverneme­nt Legault.

Or, il est bien connu que dans tous les cas de figure, la panique est la pire des conseillèr­es.

AFFAIBLISS­EMENT

Comment le premier ministre a-t-il pu décider d’affaiblir les hôpitaux déjà délestés dangereuse­ment de tâches essentiell­es qui sont les leurs ?

Pourquoi repousser encore des opérations reportées depuis des semaines en décidant d’expédier du personnel hospitalie­r, dont au premier chef des médecins spécialist­es, pour exercer des tâches sans commune mesure avec leur formation pointue ?

Comment risquer de mettre en danger la santé, voire la vie de tous les malades au diagnostic inquiétant, qui doivent subir des interventi­ons pour un cancer, pour le coeur, les reins, etc. ?

Et que dire lorsque les patients sont des enfants ? Certaines chirurgies pour la hanche ou une scoliose ne peuvent pas attendre sans conséquenc­e pour l’enfant toujours en croissance.

Le pédiatre doit voir régulièrem­ent l’enfant car le suivi du développem­ent des petits ne peut pas être mis sur pause.

Le premier ministre semble être desservi par certains conseiller­s. Sa ministre de la Santé a démontré par ses réponses aux journalist­es que la réalité vécue sur le terrain ne lui était souvent plus transmise.

La lourdeur de la machine centralisé­e devenue infernale est l’oeuvre de l’ex-ministre « réformateu­r » Gaétan Barrette qui, ces jours-ci, donne à manger aux pensionnai­res d’un CHSLD.

Pour faire oublier sans doute ses compressio­ns supplément­aires de

242 millions dans le budget des établissem­ents de santé en 2016.

« Nous atteindron­s ces cibles sans couper dans les services à la population », avait alors déclaré le ministre.

FRAGILISAT­ION

Les décisions prises hier par le gouverneme­nt Legault, qui ont comme conséquenc­e de dégarnir davantage les hôpitaux, risquent de fragiliser pour des mois, sinon des années le système de santé.

Comment garder la tête froide si la panique se retrouve maintenant à la tête même de l’état ?

Ce qui est dérangeant, voire scandaleux, c’est que des dirigeants d’hôpitaux et d’établissem­ents font peser des menaces sur les médecins, les infirmière­s et le personnel soignant qui critiquera­ient publiqueme­nt ce qui se vit sur le terrain.

Tous les responsabl­es des organismes de santé devront rendre des comptes et présenter éventuelle­ment leurs excuses pour la dérive actuelle.

Et le premier ministre ne peut pas céder à la panique, lui qui a réussi jusqu’ici à maintenir contre vents et marées le Québec à flot.

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Journalist­e, écrivaine et auteure
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Pourquoi respousser encore des opérations ? Sur la photo, un corridor désert du CHUM.

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