Gouverner dans la panique
Chaque jour, les nouvelles provenant des CHSLD continuent à nous miner le moral déjà malmené.
Que d’improvisations dans la gestion quotidienne de la crise ! Mais peut-il en être autrement puisque les divers spécialistes de crise sanitaire divergent sur les moyens à prendre ?
Au Québec, la peur d’être contaminés s’est emparée de nombre de préposés aux malades qui ont désormais délaissé leur poste.
Ajoutons à cela ceux qui sont en quarantaine ou ont été déclarés positifs, qui continuent de travailler, devenant des contaminateurs par la force des choses.
Désormais, la panique semble s’être emparée du gouvernement Legault.
Or, il est bien connu que dans tous les cas de figure, la panique est la pire des conseillères.
AFFAIBLISSEMENT
Comment le premier ministre a-t-il pu décider d’affaiblir les hôpitaux déjà délestés dangereusement de tâches essentielles qui sont les leurs ?
Pourquoi repousser encore des opérations reportées depuis des semaines en décidant d’expédier du personnel hospitalier, dont au premier chef des médecins spécialistes, pour exercer des tâches sans commune mesure avec leur formation pointue ?
Comment risquer de mettre en danger la santé, voire la vie de tous les malades au diagnostic inquiétant, qui doivent subir des interventions pour un cancer, pour le coeur, les reins, etc. ?
Et que dire lorsque les patients sont des enfants ? Certaines chirurgies pour la hanche ou une scoliose ne peuvent pas attendre sans conséquence pour l’enfant toujours en croissance.
Le pédiatre doit voir régulièrement l’enfant car le suivi du développement des petits ne peut pas être mis sur pause.
Le premier ministre semble être desservi par certains conseillers. Sa ministre de la Santé a démontré par ses réponses aux journalistes que la réalité vécue sur le terrain ne lui était souvent plus transmise.
La lourdeur de la machine centralisée devenue infernale est l’oeuvre de l’ex-ministre « réformateur » Gaétan Barrette qui, ces jours-ci, donne à manger aux pensionnaires d’un CHSLD.
Pour faire oublier sans doute ses compressions supplémentaires de
242 millions dans le budget des établissements de santé en 2016.
« Nous atteindrons ces cibles sans couper dans les services à la population », avait alors déclaré le ministre.
FRAGILISATION
Les décisions prises hier par le gouvernement Legault, qui ont comme conséquence de dégarnir davantage les hôpitaux, risquent de fragiliser pour des mois, sinon des années le système de santé.
Comment garder la tête froide si la panique se retrouve maintenant à la tête même de l’état ?
Ce qui est dérangeant, voire scandaleux, c’est que des dirigeants d’hôpitaux et d’établissements font peser des menaces sur les médecins, les infirmières et le personnel soignant qui critiqueraient publiquement ce qui se vit sur le terrain.
Tous les responsables des organismes de santé devront rendre des comptes et présenter éventuellement leurs excuses pour la dérive actuelle.
Et le premier ministre ne peut pas céder à la panique, lui qui a réussi jusqu’ici à maintenir contre vents et marées le Québec à flot.