La révolte des aînés
C’est une question de semaines, on ne peut dire exactement combien, mais l’heure du déconfinement approche.
Il ne s’agira pas d’une grande libération émerveillée sous le signe d’un retour à la vie d’avant. Il sera partiel, tâtonnant, imparfait. Il ne sera surtout pas généralisé.
On se demande en ce moment comment protéger les populations à risque, qui ne cesseront pas d’être vulnérables une fois de retour à la vie commune.
CONFINEMENT
Problème : on ne parvient pas à les identifier exactement. Peut-on en faire une liste exhaustive ? Non.
Nous avançons encore à tâtons contre un ennemi qui demeure bien mal connu.
Cela dit, une catégorie semble ciblée : les aînés. On aurait dit autrefois : les vieux. Sans le moindre doute, ils sont particulièrement touchés par la COVID-19.
On comprend le gouvernement de vouloir les protéger. Mais la chose semble plus compliquée qu’on ne le croit.
La vieillesse d’autrefois n’est plus celle des temps présents, et ce ne sont pas tous les aînés qui sont également à risque.
À 70 ans, hier, on pouvait se présenter comme un auguste vieillard, bien sage, mais en retrait de la vie.
Aujourd’hui, il est probable qu’on se sente encore jeune, vigoureux, en bonne santé, et toujours capable de vivre sa vie comme une aventure.
Le dernier livre de Pascal Bruckner, Une brève éternité, est, à ce sujet, tout à fait remarquable.
EXASPÉRATION
Dès lors, le confinement généralisé des personnes âgées est ressenti comme une discrimination aussi violente qu’injuste.
Un peu partout, en France comme au Québec, et partout ailleurs, les 70 ans et plus expriment une colère de plus en plus vive. Vivre encasernés, c’est à peine survivre, disent-ils. C’est dépérir. C’est croupir.
Ils ont participé à l’effort de guerre du grand confinement. Demain, ils voudront prendre l’air.
Il faudra à tout le moins les entendre, pour éviter la révolte des aînés.