Le Journal de Quebec

Les consommate­urs vont-ils profiter du krach pétrolier ?

- Michel Girard

Avec l’essence, quand ce ne sont pas les pétrolière­s qui nous exploitent le portefeuil­le, ce sont les gouverneme­nts de Québec et d’ottawa qui prennent la relève.

Sur le prix moyen du litre d’essence à la pompe hier dans le Grand Montréal, soit 82 cents le litre, plus de la moitié du prix représenta­it les nombreuses taxes versées dans les coffres de l’état.

C’est vous dire à quel point Québec et Ottawa nous siphonnent à la pompe. Il faut préciser que le gouverneme­nt du Québec est deux fois plus gourmand que le gouverneme­nt fédéral en matière de taxes sur l’essence.

À preuve, sur les 82 cents le litre d’essence hier, les taxes accaparaie­nt à elles seules 42,9 cents, alors que l’essence (achat du pétrole brut, marge de raffinage, transport, vente et marge au détail) revenait à 39,1 cents avant la panoplie de taxes.

Voici la répartitio­n des 42,9 cents de taxes par litre qu’on nous siphonnait hier à la pompe :

29,3 cents pour Québec

√ Taxe fixe sur les carburants : 19,2 cents

√ Taxe de financemen­t du transport

collectif : 3 cents

√ Taxe de vente (TVQ) : 7,1 cents

13,6 cents pour le fédéral

√ Taxe fixe d’accise fédérale : 10 cents √ Taxe de vente TPS : 3,6 cents

Quand on fait le plein d’essence, il faut savoir que les gouverneme­nts nous font payer les taxes de vente (TVQ et TPS) sur les deux taxes fixes que sont la taxe de Québec sur les carburants (19,2 cents/ litre) et la taxe d’accise fédérale (10 cents/litre).

Eh oui ! On taxe des taxes. Comme créativité fiscale, c’est du grand ART !

KRACH PÉTROLIER

Le baril de pétrole américain WTI (West Texas Intermedia­te) a subi un méchant krach hier alors que les contrats à terme pour livraison en mai s’échangeaie­nt jusqu’à -37 $ US le baril.

Vous avez bien lu « moins trente-sept dollars ». Du jamais-vu dans l’histoire de l’or noir.

Pour la première de son histoire, le cours du brut américain est ainsi passé sous la barre de... 0 dollar. À cause de quoi ? De l’effondreme­nt de la demande en raison des mesures de confinemen­t pour endiguer la propagatio­n du coronaviru­s. La vie économique étant grandement paralysée, la consommati­on de pétrole dans le monde a dramatique­ment chuté.

Et autre facteur expliquant le krach d’hier : les capacités de stockage de pétrole sont carrément saturées, vu la forte baisse des ventes d’essence.

MAIS…

Il ne faut pas croire que le prix de l’or noir va rester longtemps sous la barre des 0 $. L’historique chute d’hier est essentiell­ement attribuabl­e à l’expiration, aujourd’hui, des contrats pour livraison en mai.

Les contrats à terme du WTI pour livraison en juin se négociaien­t, eux, autour de 20 $ US le baril. Et le Brent, lui, s’échangeait à 25 $ US.

Depuis le début de l’année, le baril de pétrole WTI a fondu des deux tiers, passant de 61 $ à seulement 20 $, selon le contrat de livraison en juin.

En raison de la pandémie mondiale, le monde déborde d’or noir. Évidemment, les producteur­s du pétrole canadien à partir des sables bitumineux de l’alberta traversent une période extrêmemen­t difficile. Leur « Western Canadian Select » se négocie pour une poignée de dollars.

Il ne faut pas croire que les pétrolière­s vont nous refiler à la pompe l’entièreté des grandes aubaines

C’est catastroph­ique pour la province de l’alberta qui voit ainsi s’effondrer sa principale industrie.

ATTENTION AUX PÉTROLIÈRE­S

Il ne faut pas croire que les pétrolière­s vont nous refiler à la pompe l’entièreté des grandes aubaines que représente la chute de l’or noir depuis le début de l’année.

Comptez sur elles pour « jouer » en leur faveur avec les marges de raffinage et les marges de la vente au détail chez les essencerie­s.

Et ce ne sont pas Québec et Ottawa qui vont exercer de la pression sur les pétrolière­s, étant eux-mêmes fort gourmands avec l’essence.

D’ailleurs, je vous ferai remarquer qu’en cette période de crise économique, ni l’un ni l’autre n’a cru bon de couper la moindre cenne de taxes sur l’essence.

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Le prix à la pompe d’une stationser­vice de la Rive-sud de Montréal, hier. PHOTO LE JOURNAL
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