Le Journal de Quebec

Canadian Tire veut un congé de loyers et de taxes foncières

Le détaillant tente de forcer la main des propriétai­res de centres de commerciau­x

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Canadian Tire fait rager des propriétai­res de centres commerciau­x au Québec. La société demande pour la majorité de ses enseignes un congé de loyer, des frais d’exploitati­on et des taxes foncières pour une période de six mois en raison des mesures instaurées pour ralentir la COVID-19.

Dans une lettre transmise à des propriétai­res d’immeubles, le 24 mars, dont Le Journal a obtenu une copie, le détaillant, notamment responsabl­e des bannières L’équipeur, Sports Experts et Atmosphère, demande un congé de loyer à partir du 1er mai 2020.

Canadian Tire mentionne, entre autres, dans sa missive signée par le vice-président immobilier, Dominique Boivin, qu’en échange, « dans certaines circonstan­ces », la société va « prolonger de six mois son bail actuel, aux taux actuels ».

Plusieurs propriétai­res de centres commerciau­x du Québec avec qui Le Journal a discuté, qui ont préféré taire leur nom pour ne pas nuire à leurs relations d’affaires, ont concédé avoir « très mal reçu » cette requête, qui a même été qualifiée « d’indécente ».

Ils ont tous précisé que jusqu’à présent, Canadian Tire et ses franchisés ont payé leurs loyers pour les mois de mars et d’avril. Ils ne savaient toutefois pas encore si les chèques allaient être versés en mai.

Cette demande de la maison mère basée en Ontario ne concerne toutefois pas les magasins Canadian Tire, peut-on lire dans la lettre, puisqu’ils sont demeurés ouverts pendant la pause du Québec.

« INACCEPTAB­LE »

« C’est inacceptab­le. Canadian Tire a réalisé des revenus de plus de 14 milliards $ en 2019. Je ne comprends pas. Elle nous demande maintenant de payer pour Hydro-québec et leurs taxes », déplore un responsabl­e de centres commerciau­x.

« Par ailleurs, il s’agit souvent de baux signés pour plusieurs années. La propositio­n de reporter ces mois à la fin de leur bail à la valeur des dollars d’aujourd’hui ne tient simplement pas la route », poursuit-il.

Ce dernier assure être ouvert à négocier avec ces détaillant­s. Il avance avoir même accepté de reporter des baux durant quelques mois. La facture pour les frais d’exploitati­on et les taxes foncières est toutefois demeurée.

D’autres propriétai­res d’immeubles commerciau­x craignent que certains franchisés de Canadian Tire décident de ramener ce report de six mois sur la table lors des prochaines négociatio­ns pour le prolongeme­nt de leur bail.

Au Québec, les centres commerciau­x sont fermés depuis le 22 mars dernier. La semaine dernière, Ottawa a souligné vouloir s’attaquer au problème des loyers avec le programme d’aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial.

Ce dernier offrira des prêts aux propriétai­res d’immeubles commerciau­x qui, en échange, accepteron­t de baisser, voire d’annuler de façon rétroactiv­e les loyers de leurs locataires pour les mois d’avril, mai et juin.

En fin de journée, hier, Canadian Tire a assuré que les loyers pour mai seront honorés, préférant toutefois limiter ses commentair­es.

« Nous avons de très bonnes relations avec nos locateurs/partenaire­s et nous sommes persuadés que nous parviendro­ns à des ententes mutuelles », a noté la porte-parole Cindy Hoffman.

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PHOTO D’ARCHIVES Un magasin Canadian Tire et L’équipeur, à Laval.

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