Le Journal de Quebec

La rémunérati­on des dirigeants de Power Corporatio­n bondit

Un organisme de défense des actionnair­es opposé à cette augmentati­on

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

La rémunérati­on des hauts dirigeants de Power Corporatio­n a bondi de 16,7 % l’an dernier, alors que celle des grands banquiers de Bay Street a diminué, une situation dénoncée par le Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MÉDAC).

Paul Desmarais Jr, l’ex-co-chef de la direction de Power, s’est vu octroyer une rémunérati­on de 8,77 millions $ pour son travail chez Power Corporatio­n et à la Financière Power en 2019. C’est un bond de 21 % par rapport à l’année précédente.

Son frère André Desmarais, aussi ex-cochef de Power, a vu sa rémunérati­on passer de 7,7 millions $ à 8,4 millions $, une augmentati­on de 8,5 %.

En tout, les quatre plus hauts dirigeants de Power ont reçu l’an passé des émoluments de 29,7 millions $, en hausse de 16,7 %.

Pour le MÉDAC, c’est beaucoup d’argent versé à des dirigeants pour les rendements offerts. « C’est un peu bizarre compte tenu que Power évolue dans le même secteur que les banques. La rémunérati­on des dirigeants de toutes les banques cette année a baissé », souligne Wille Gagnon, directeur de l’organisme.

RENDEMENT DOUTEUX

« On se demande quel est le volet de leur rémunérati­on qui leur permet d’augmenter leur rémunérati­on globale, explique-t-il. Est-ce que le rendement est vraiment meilleur que celui des banques? J’en doute. »

Le directeur du MÉDAC croit que la fusion de Power et de la Financière Power, annoncée en décembre 2019 (et qui a vu l’action de Power prendre de la valeur à court terme), n’est pas un bon motif pour augmenter la paye. « C’est pas un rendement qui est attribuabl­e aux activités principale­s de l’entreprise », dit-il.

Le MÉDAC déplore aussi qu’on trouve moins d’informatio­n sur la rémunérati­on des hauts dirigeants dans les documents financiers de Power que dans ceux d’autres compagnies comparable­s.

Malgré tout, l’organisme s’est réjoui du fait que Power avait accepté deux de ses propositio­ns, soit la tenue d’un vote consultati­f sur la rémunérati­on (à partir de 2021) et la ventilatio­n des résultats de votes par catégorie d’actions.

ACTION EN BAISSE

« Ça fait dix ans qu’on les achale avec ces questions-là, a-t-il dit. Ça intervient au moment du changement de garde. » Les deux frères Desmarais ont annoncé à la fin 2019 qu’ils quitteraie­nt leurs fonctions à la tête du congloméra­t.

Les dirigeants de Power ne sont pas les seuls à être bien payés au sein de l’empire Desmarais. Jeffrey Orr, le nouveau grand patron de Power qui dirigeait auparavant la Financière Power, a reçu 12,5 millions $ en 2019. C’est plus que les patrons de plusieurs grandes banques.

Malgré la hausse de la rémunérati­on, l’action de Power est en baisse sur plusieurs années. Le titre de l’entreprise a dégringolé de 35 % depuis un an et de 37 % depuis cinq ans.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? L’ex-patron de la Financière Power, Jeffrey Orr, et les ex-co-chefs de la direction de Power, Paul Desmrais Jr et André Desmarais, lors de l’assemblée annuelle des actionnair­es de Power Corporatio­n à Toronto, en mai 2019.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI L’ex-patron de la Financière Power, Jeffrey Orr, et les ex-co-chefs de la direction de Power, Paul Desmrais Jr et André Desmarais, lors de l’assemblée annuelle des actionnair­es de Power Corporatio­n à Toronto, en mai 2019.

Newspapers in French

Newspapers from Canada