Une catastrophe prévisible
Le vérificateur général a déjà sonné l’alarme au sujet des résidences pour aînés, mais peu de choses ont changé
Le vérificateur général a sévèrement critiqué la gestion des centres d’hébergement pour aînés en
2012, réclamant des changements pour assurer un environnement sécuritaire et des soins de qualité. Mais peu de choses ont changé.
La pandémie de COVID-19 qui s’abat dans les CHSLD a fait prendre conscience aux Québécois des piètres conditions dans lesquelles se trouvent nos personnes âgées.
Les témoignages bouleversants se multiplient : manque de personnel, mesures de surveillance des établissements inadéquates, désuétude des infrastructures, services aux usagers dysfonctionnels, dossiers criminels pour certains propriétaires de CHSLD privés, etc.
Or, les élus de l’assemblée nationale et les dirigeants du système de santé étaient au courant de ces nombreuses déficiences.
La sonnette d’alarme avait été activée dans un rapport du vérificateur général du Québec, Michel Samson, en 2012, alors que Marguerite Blais était ministre libérale responsable des Aînés et Yves Bolduc, ministre de la Santé.
PEU SATISFAISANT
Pas moins de quatre gouvernements se sont succédé depuis le dépôt du rapport pointant du doigt la négligence qui règne dans la gestion des services d’hébergement pour personnes âgées en perte d’autonomie.
Au total, le vérificateur général avait émis 15 recommandations. De ce nombre, seulement 67 % ont donné lieu à des progrès jugés « satisfaisants ».
Le sous-ministre à la Santé qui était en poste à l’époque, Jacques Cotton, avait pourtant assuré qu’il y avait « un plan d’action élaboré en réponse à chacune des recommandations. »
ENCORE DES EFFORTS
Contacté par notre Bureau d’enquête, l’ex-vérificateur général, Michel Samson, n’a pas voulu commenter le dossier huit ans plus tard.
En 2013, M. Samson avait toutefois mentionné, devant la Commission de l’administration publique, qu’il restait encore des efforts importants à faire pour donner suite à l’ensemble de ses recommandations.
« On va évidemment surveiller de près, pour voir les gestes qui vont être posés pour améliorer la situation », avait-il dit.
L’actuelle ministre de la Santé, Danielle Mccann, qui était à l’époque PDG de l’agence de la santé et des services sociaux de Montréal, avait alors défendu la gestion de son organisation.
« Beaucoup de choses ont été réalisées. Et nous pouvons en être fiers. Toutefois, nous sommes à une étape cruciale, et nous devons, avec l’ensemble des établissements, poursuivre le travail pour compléter cette transformation de nos services », avait-elle indiqué.