Le Journal de Quebec

Payez-les !

- MARIO DUMONT Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r

François Legault a lancé des appels au secours à répétition. Il faut que des travailleu­rs acceptent d’aller en renfort dans les CHSLD. Le manque de ressources humaines hypothèque la capacité d’offrir les soins de base.

À l’extrême, le manque de personnel menace carrément la vie des aînés hébergés en « zone rouge ».

Aller donner des soins sur un étage où les patients sont infectés par la COVID-19 peut faire peur.

On a rendu hommage aux gens qui s’y présentent quotidienn­ement, à leur courage et à leur dévouement.

On ne le fera jamais assez.

L’autre versant de la montagne, ce sont des milliers d’autres qui décident de ne pas se présenter. Plus tabou comme sujet.

Je ne me permettrai pas de porter un jugement sur leurs craintes puisque je n’y travaille pas moimême. Je me contentera­i de nommer les choses.

Il y a des employés et des employés potentiels qui fuient par tous les moyens disponible­s. On raconte même que certains qui s’étaient portés volontaire­s changent d’idée le matin même.

Le manque de personnel amène une surcharge sur ceux qui se dévouent sur place, rendant la tâche encore plus pénible.

Ce cercle vicieux terrorise le gouverneme­nt.

Parmi les solutions, le recours plus large à l’armée amènera des bras. Par contre, le nombre total de gens avec une connaissan­ce des soins est limité. C’est une mesure justifiée, mais temporaire et limitée.

DÉJÀ-VU

Pour convaincre les gens de travailler, François Legault doit sortir le chéquier. Pour vrai. Pas un petit 8 % de bonificati­on pour les travailleu­rs à haut risque. Temps double, voire temps double et demi.

En garantissa­nt en plus la disponibil­ité des équipement­s de protection, on aura une chance de les convaincre.

Si le courageux personnel qui se déploie dans les zones rouges de la santé fait un coup d’argent en période de crise, je répondrai : « Tant mieux ! »

Je vous nomme quelques précédents dans notre histoire. Durant la crise d’oka, en 1990, des policiers de la SQ des quatre coins du Québec ont été mobilisés.

Heures supplément­aires, prime d’éloignemen­t et autres leur ont valu des payes spectacula­ires.

Grand verglas. Les monteurs de ligne d’hydro ont travaillé toutes les heures que leur santé permettait.

Des heures supplément­aires et des primes à plein. Un travail urgent et nécessaire dans des conditions difficiles, mais très payant.

DÉCRET

Printemps des manifestat­ions étudiantes. Des millions en heures supplément­aires versés aux policiers chargés de contenir les manifestat­ions qui tournaient souvent au vinaigre.

Dans les exemples mentionnés, je peux vous assurer que certains se sont payé une moto, un bateau ou une mise de fonds sur un chalet en quelques semaines. Un scandale ? Non. La société avait besoin d’eux et ils se sont présentés. Ils ont été payés.

Dans l’état actuel de la crise, je comprendra­is que par décret le gouverneme­nt fixe des conditions de travail exceptionn­elles pour le personnel qui va au front. Il en faut, et vite.

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Le Québec a déjà payé de gros montants aux policiers en temps de crise. Pourquoi pas au personnel de la santé ?

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