Le Journal de Quebec

Opération sauvetage

- Chef du Bureau é parlemment­aire REMI NADEAU

On se croirait dans Il faut sauver le soldat Ryan. Les images de désolation se succèdent, comme les témoignage­s à déchirer le coeur. Il faut l’admettre, dans les CHSLD, ce sont des conditions de guerre et les militaires sont les mieux placés pour l’opération sauvetage.

François Legault a lâché comme une petite bombe, mercredi, en demandant l’assistance de 1000 soldats de l’armée canadienne, pour laver et nourrir nos aînés en CHSLD.

Plusieurs ont senti leur fierté québécoise, évoquée à maintes reprises par le premier ministre depuis le début de la pandémie, piétinée. Triste qu’on en soit rendu là.

Mais on constate qu’il aurait fallu le faire avant.

Au moins la semaine dernière.

Des récits comme celui du député Enrico Ciccone, qui a vu sur un bénéficiai­re une plaie de lit d’une telle ampleur qu’elle dévoilait l’os du coccyx, glacent le sang.

Ils témoignent de l’horreur. Des souffrance­s inacceptab­les que subissent nos aînés. Certains meurent de déshydrata­tion, abandonnés à leur sort.

On ne laisserait pas un chien dans de telles conditions…

À L’AIDE

Des milliers de Québécois ont levé la main pour prêter main-forte, en s’inscrivant sur le site Jecontribu­e, et peu ont été vraiment envoyés sur le terrain.

D’abord, il est révoltant de constater que l’appareil gouverneme­ntal n’arrive pas à transforme­r ce volontaris­me en aide concrète dans les établissem­ents.

François Legault soutenait que 4600 avaient été « placés » sur 52 000 candidatur­es.

Finalement, il a dû rectifier, après que quelqu’un dans la « machine » a constaté les nombreux doublons dans la banque de volontaire­s. Il s’agissait de 19 000 candidats. Cette gestion insouciant­e dans un contexte si critique laisse songeur.

VOLONTAIRE­S... OU NON

Toutefois, ces listes de volontaire­s constituen­t aussi un cauchemar pour les directions d’établissem­ent à qui on les confie, dans l’espoir de leur donner le secours attendu.

Voici ce qu’on retrouve, par exemple, dans les tableaux des résultats des appels faits par les gestionnai­res de CHSLD en zone rouge, à partir de la liste des inscrits sur Jecontribu­e.

■ n’est plus disponible

■ est disponible 1 jour par fin de

semaine

■ disponible de jour, mais parle

difficilem­ent français

■ a plus de 70 ans

■ est intéressé à du télétravai­l

seulement

■ laissé un message, pas de retour

■ préfère ne pas être en contact

avec les personnes infectées

■ va y penser

■ boîte vocale non activée

■ laissé un message

■ serait prête à aider avec services

en psychologi­e à distance

Etc.

C’est la guerre et, oui, des milliers de gens bien intentionn­és lèvent la main, mais ce ne sont pas tous qui sont prêts à sauter de l’hélicoptèr­e à l’approche du théâtre des opérations.

Les reportages des derniers jours ont possibleme­nt découragé ceux qui, il y a quelques semaines, ont laissé leur nom sans se douter qu’on leur demanderai­t de ramper dans de telles tranchées.

Et pendant ce temps, les préposés qui tiennent le fort, à coup de doubles quarts de travail consécutif­s, s’apprêtent à tomber au combat, épuisés et démoralisé­s.

EN MISSION

Il faut des personnes discipliné­es, méthodique­s, avec de bonnes capacités physiques, beaucoup de sang froid et qui ont le coeur solide.

C’est l’exacte descriptio­n du soldat. Les militaires ne reculeront pas devant la tâche.

Il y en a déjà 130, avec de l’expérience médicale, qui sont arrivés.

Souhaitons que les autres arrivent le plus vite possible.

Des vies en dépendent…

Les militaires sont faits sur mesure pour la mission humanitair­e qui doit être déployée dans les CHSLD.

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