Qui a peur de Big Brother ?
La réponse à cette question dépend en grande partie de votre âge. Mais en gros, ce sont les plus jeunes.
Mais d’abord, revenons un peu en arrière.
Québec et Ottawa songent sérieusement à adopter des outils de surveillance de masse des citoyens pour lutter contre la COVID-19.
Ces outils prennent la forme d’applications de géolocalisation téléchargées dans votre téléphone cellulaire.
Elles permettraient de surveiller le respect des normes de distanciation sociale et de quarantaine. L’objectif ultime est de briser les chaînes de contamination afin d’éviter un confinement général.
Tentant, non ? Pas si simple.
POLARISANT
Un sondage Léger qui est passé sous le radar cette semaine révèle que l’enjeu polarise les Canadiens.
Quelque 48 % des répondants rejettent l’idée que les gouvernements utilisent leurs données personnelles, alors que 45 % l’approuvent.
À première vue, les autorités semblent bien parties pour réaliser leur projet de surveillance de masse, si tel est leur souhait. Ce n’est pas tout à fait le cas.
Pour être efficaces, les outils de surveillance doivent obtenir l’appui d’environ les deux tiers de la population. La pente s’annonce abrupte.
Surtout que – nous revoilà au début – les jeunes sont très nombreux à s’en méfier.
« Normalement, les jeunes sont plus ouverts aux technologies que les plus âgés, mais là, on voit l’inverse », affirme le patron de la maison de sondage, Jean-Marc Léger.
CHOC DES GÉNÉRATIONS
Ainsi, les 18-34 ans approuvent l’idée à seulement 38 %, alors que les 55 ans et plus sont beaucoup plus enclins (54 %) à embrasser Big Brother.
La raison est simple, les plus jeunes se sentent tout simplement moins concernés par la maladie, selon M. Léger.
« Les jeunes sont habitués à offrir leurs données personnelles, mais normalement ils obtiennent quelque chose en retour », explique le sondeur.
Nos gouvernements pourraient régler le débat en rendant obligatoire le téléchargement des applications de surveillance. Il ne semble toutefois pas que cela soit envisagé, en tout cas à Ottawa, où Justin Trudeau a parlé cette semaine d’un choix « volontaire » offert aux citoyens.
Encore faut-il que les gens aient confiance que leurs données seront utilisées à bon escient.
À ce chapitre, les gouvernements et les multinationales du numérique ont tout fait dans les dernières années pour installer un climat de méfiance à leur endroit, à force de malmener nos données personnelles.
Les plus jeunes se sentent tout simplement moins concernés par la maladie.