Faut-il craindre une deuxième vague plus virulente ?
En 1918, la deuxième vague de la grippe espagnole avait été la plus meurtrière. Lors de la pandémie de H1N1 en 2009, plus de Québécois avaient été infectés à l’automne qu’au printemps. Faut-il craindre, une deuxième vague de COVID-19, dans quelques mois ? Pas nécessairement, disent des experts.
« En septembre 1918, ça venait surtout des soldats et c’était un virus qui touchait les jeunes adultes, il y avait un pic très net à 28 ans », explique Alain Gagnon, professeur de démographie à l’université de Montréal et spécialiste des pandémies causées par les grippes.
Quant à la pandémie de 2009, le milieu scolaire avait agi comme lieu « d’amplification du virus », selon le bilan épidémiologique de l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Point commun des deux pandémies : les deux virus étaient de type H1N1.
Or le coronavirus est différent. « Le risque d’être infecté semble être plus faible chez les enfants, mais il y a beaucoup d’interrogations sur leur rôle de transmission, c’est un groupe pour lequel on est dans une situation très inhabituelle », explique Gaston De Serres, épidémiologiste à L’INSPQ.
Par ailleurs, en 2009, les villes de Montréal et Laval avaient été touchées lors de la première vague, puis l’automne suivant ce fut au tour des régions.
Cette fois-ci, même si Montréal compte davantage de cas, on ne connaît pas le pourcentage des gens infectés. « Peut-être que c’est seulement un petit pourcentage infecté, croit le Dr De Serres. Donc il y a peu de chance que l’immunité qui a joué en 2009 à Montréal se produise cette fois-ci. »
MUTATION DU VIRUS
Une deuxième vague peut survenir lorsque le virus mute. « On sait que pour la grippe espagnole c’était un H1N1, mais est-ce que le virus avait subi en septembre une mutation importante ? Ça reste un mystère », dit M. Gagnon.
« Pour les coronavirus, certains disent que les mutations sont moins courantes, mais comme on n’a jamais testé celuilà, alors on reste prudent », ajoute le démographe.
Une deuxième vague pourrait aussi se produire si la COVID-19 est saisonnière comme le H1N1. « Pour les autres coronavirus, il y a une saisonnalité. Ce sont des virus qui donnent le rhume et se transmettent davantage l’hiver que l’été, mais pour ce nouveau virus on n’a pas la réponse », dit le Nicholas Brousseau, médecin-conseil à L’INSPQ et coauteur du bilan de 2009.
« Peut-être que les conditions météorologiques durant l’été vont être moins favorables, mais de penser que ce serait suffisant pour faire diminuer l’épidémie, les espoirs sont très minces », poursuit le Dr De Serres.
MISER SUR LA DISTANCIATION
Ainsi, la santé publique ne mise pas sur Dame nature pour freiner la pandémie et éviter une deuxième vague, mais plutôt sur la distanciation sociale, insiste le Dr De Serre.
Le Dr Brousseau rappelle qu’en 2009, il n’y avait pas eu de mesure de confinement pour freiner la propagation du H1N1.
« Cette année, les mesures de distanciation ont un impact important pour éviter plusieurs hospitalisations et les décès. La question est de trouver l’équilibre pour revenir le plus possible à la vie normale sans recrudescence importante de l’infection. »