13 $ de frais de Postes Canada pour faire livrer un sac de café de 16 $
Une femme d’affaires estime que la société d’état fait mal aux petits entrepreneurs
Une entrepreneure québécoise à la tête d’une PME de café n’en revient pas de devoir payer des frais de livraison de 13 $ à Postes Canada pour faire livrer un sac de café.
« Pour un sac de café d’une livre que je vends 16,75 $ sur mon site web, j’ai dû ajouter des frais de livraison de 12,93 $ de Postes Canada. Je suis tombée en bas de ma chaise », a déploré Taïna Chalifoux, présidente fondatrice de Di Napoli Café et de Coffee Queen.
Avant la pandémie, la femme d’affaires importait d’italie des dosettes biodégradables de café qu’elle vendait aux restaurants et tours de bureaux, mais la crise l’a forcée à se réinventer d’urgence pour éviter le pire.
« Tous mes clients étaient fermés, alors j’ai vite mis sur pied une nouvelle marque de café pour que les gens puissent en commander en ligne », explique Taïna Chalifoux, qui a donné son surnom à sa nouvelle marque, Coffee Queen.
Mais elle a vite déchanté quand elle s’est aperçue que les frais de livraison d’une livre de café, vendue à 16,75 $ sur son site, s’élevaient à 12,93 $ avec Postes Canada, de Sainte-thérèse à Sainte-marthe-sur-le-lac.
« Mon client a payé son sac de café 23,75 $ parce que je lui ai seulement fait payer 7 $ de frais de livraison, j’ai absorbé le 6 $ restant », explique celle qui doit bâtir son nouveau modèle d’affaires en tenant compte de ces frais de poste.
PLUS COMMODE POUR LES CLIENTS
Quand on lui demande pourquoi elle continue de faire affaire avec Postes Canada plutôt qu’avec les autres, comme UPS ou Purolator, Taïna Chalifoux souligne que la société d’état est plus commode pour ses clients.
« Il y a juste Postes Canada qui a les clés pour entrer dans les blocs appartements, souligne-t-elle. Il n’y a qu’eux qui peuvent laisser le paquet près du client, à la pharmacie la plus proche », poursuit l’entrepreneure.
Malgré ces avantages, le service postal aurait intérêt à donner un peu d’air aux petites entreprises comme la sienne, qui sont étouffées par la pandémie.
« Postes Canada nous fait mal. Ils sont un obstacle majeur à la croissance », va jusqu’à dire Taïna Chalifoux, qui pointe du doigt leurs prix, bien avant les délais.
Une situation qui préoccupe le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Charles Milliard, pour qui les retards posent un problème important.
« Plusieurs entrepreneurs doivent se tourner vers d’autres transporteurs et assumer des frais supplémentaires. Cette situation devrait être corrigée rapidement pour que les entreprises puissent contribuer pleinement à la relance ».
Jointe par Le Journal, Postes Canada a indiqué qu’elle a à coeur les petites et moyennes entreprises et qu’elle est déterminée à les appuyer.
« Jeudi dernier, nous avons lancé une publicité télévisée de Postes Canada qui présente notre initiative Pensez plus petit aux Canadiens et les encourage à se joindre à nous pour appuyer les PME pendant cette période de grands défis », a rappelé sa porte-parole, Sylvie Lapointe.