« On va frapper le mur à l’automne »
L’industrie de l’aéronautique du Québec n’est pas au bout de ses peines, prévient Aéro Montréal, qui s’attend à ce que les milliers de mises à pied annoncées chez Bombardier hier ne constituent que la pointe de l’iceberg d’un mouvement beaucoup plus important.
« J’ai peur que ce ne soit pas fini, bien au contraire. À mon avis, on va frapper le mur à l’automne », affirme Suzanne Benoît, PDG d’aéro Montréal, le secrétariat de la grappe aéronautique du Québec.
Il y a une semaine, nous avions évalué qu’un peu moins de 1000 emplois avaient été perdus dans l’industrie aéronautique du Québec depuis le début de la pandémie.
Avec les 1500 mises à pied de plus annoncées hier par Bombardier, Le Journal évalue maintenant les pertes du secteur à 2405 emplois.
« Il en viendra malheureusement d’autres », craint aussi David Chartrand, coordonnateur québécois du syndicat des Machinistes. Sera-ce chez Safran? Rolls Royce? Héroux Devtek, ou encore Bombardier?
Nul ne sait vraiment, affirme Mehran Ebrahimi, professeur de L’UQAM spécialiste de l’industrie aéronautique.
LE PIRE À VENIR
Mme Benoît évalue à 5000 emplois les pertes que pourrait connaître l’industrie d’ici la prochaine année.
« Le mur », à son avis, surviendra à l’automne, à compter d’octobre ou novembre, lorsque les entreprises seront arrivées au terme de leur carnet de commandes.
C’est à ce moment que les derniers mois d’inactivité dans l’industrie de l’aviation, pendant lesquels les transporteurs ont cessé à peu près toute activité, se feront véritablement sentir, croit-elle.
D’autres coupes risquent donc de survenir. Mais aussi, craint-elle, des faillites d’entreprises. Ces derniers temps, plusieurs avaient investi en automatisation. « Une usine 4.0 est parfaite quand tout va bien. Mais lorsque les clients ne payent plus et que tu ne fonctionnes plus qu’à 50 % de ta capacité, ça devient difficile. »