Le Journal de Quebec

Il est grand temps de faire la grève de Facebook

- EMMANUELLE LATRAVERSE

Il y a de ces moments dans l’histoire où les masques tombent.

Les faux-fuyants et les doubles discours ne tiennent plus.

La grave crise économique causée par la COVID-19 et l’affronteme­nt politique autour de la réponse de Donald Trump aux tensions raciales aux États-unis ont créé une tempête parfaite.

L’hypocrisie de Facebook et le manque de courage de notre gouverneme­nt face à la crise des médias au pays ont été révélés au grand jour.

RESSAC CONTRE L’INTOUCHABL­E

C’est ainsi que je dis : « Bye Bye Facebook ! »

Facebook s’est toujours caché derrière la liberté d’expression pour justifier son rôle peu enviable de facilitate­ur du discours haineux.

Or, lorsque le président Trump a mis le feu aux poudres, face à des tensions raciales, en écrivant : « Quand le pillage commence, la fusillade commence », une ligne a été franchie.

Comment ne pas y voir un appel à une riposte violente et armée contre les émeutiers ?

Twitter a masqué le tweet jugeant qu’il faisait l’apologie de la violence. Facebook l’a maintenu, prétextant qu’il ne lui revient pas de jouer « les arbitres de la vérité en ligne ».

Dans ces réponses différente­s de deux géants du numérique, le rôle qu’ils jouent dans le débat politique s’est cristallis­é.

La vague de contestati­on des employés de Facebook a consacré la duplicité de leur entreprise qui instrument­alise la liberté d’expression pour faire des profits.

Je ne vois pas pourquoi je continuera­is d’y participer.

UNE SPIRALE INFERNALE

C’est sans compter l’impact de cette quête de profits à tout prix.

Comme simples entremette­urs, les géants comme Facebook, Google et les autres empochent des millions en revenus publicitai­res via le journalism­e produit et financé par autrui.

Ils appauvriss­ent ainsi les médias privés des revenus essentiels pour financer le travail de leurs artisans.

La chute brutale des revenus causée par le confinemen­t de l’économie n’a fait qu’aggraver la crise.

La France et l’australie ont profité de ces circonstan­ces exceptionn­elles pour finalement exiger que Google et Facebook paient des redevances aux médias dont ils profitent tant. Au Canada, on réfléchit encore.

Alors, pendant qu’ottawa réfléchit, j’ai décidé de faire la grève.

Hier, j’ai suspendu mes comptes Facebook et Instagram.

Une goutte d’eau dans l’océan? Certaineme­nt.

Mais ainsi je dis non au louvoiemen­t de Facebook sur la polarisati­on inutile de la politique, la propagatio­n de discours haineux et racistes.

Non à laisser cette entreprise milliardai­re s’enrichir sur le dos de mon travail et de celui de mes collègues.

La révolte des employés de Facebook devrait nous servir d’exemple. L’heure est venue de faire la grève à notre tour.

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 ??  ?? Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, lors d’une « Conversati­on sur la liberté d’expression » qui s’est tenue à l’université de Georgetown, Washington, en octobre 2019.
Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, lors d’une « Conversati­on sur la liberté d’expression » qui s’est tenue à l’université de Georgetown, Washington, en octobre 2019.
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