Le Journal de Quebec

Dommages collatérau­x

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Si Claude Péloquin était encore en vie, il pourrait remanier son célèbre vers qui fit scandale sous la murale de Jordi Bonet en écrivant « Vous êtes pas écoeurés de faire rire de vous autres ».

Pendant que l’attention de la population est tournée vers la pandémie et les moyens de ne pas être infectés, nos gouverneme­nts font valser les milliards au gré des lobbys les plus puissants.

Loin d’être sûr que tous en profiteron­t, on est toutefois certain d’en assumer la note !

LES CANARDS BOITEUX

L’empresseme­nt du gouverneme­nt caquiste à vouloir venir en aide au Cirque du Soleil, à Bombardier et à Air Transat choque et prend les apparences d’une entraide entre millionnai­res sans qu’il y ait de véritables risques pour ces investisse­urs engraissés à l’auge des contribuab­les.

Alain Bellemare sort de chez Bombardier avec les poches pleines de millions de dollars bien qu’il laisse l’entreprise dans un piteux état.

Guy Laliberté veut reprendre les rênes du Cirque du Soleil après avoir tenté de se soustraire par des moyens pas toujours élégants à ses obligation­s fiscales. En aidant le Cirque, le gouverneme­nt prend à son compte la dette créée par les propriétai­res chinois et américains après leur acquisitio­n de l’entreprise.

La rentabilit­é d’air Transat s’avérait de plus en plus laborieuse et son acquisitio­n par Air Canada était une façon de sauver la mise. La transactio­n semble sur le point d’avorter dans la conjonctur­e actuelle. Monsieur Legault voudrait venir en aide à son ancienne entreprise avec notre argent. Cela fait rire en pensant qu’il y a retiré ses propres billes dans le passé.

Digne d’un scénario médiéval, on se croirait revenu au temps où la noblesse s’exemptait d’impôt et laissait toute la charge au tiers état.

PROBITÉ

Poussant la hardiesse, le gouverneme­nt propose un projet de loi qui accélérera­it 200 projets d’infrastruc­ture en assoupliss­ant les processus réglementa­ires. L’urgence de relancer l’économie est invoquée bien que les statistiqu­es de mai se soient plutôt révélées apaisantes.

Il est donc troublant d’entendre nos décideurs assimiler les processus de contrôle à des tracasseri­es administra­tives. Pas encore tout à fait libérés des risques de collusion et de corruption dans l’octroi de contrats publics, les ministres voués au développem­ent économique voudraient qu’on baisse la garde.

Pourtant, l’assurance de la probité passe par la rigueur.

L’HOMME-ORCHESTRE

Prenant des allures « trumpienne­s », François Legault réagit sur le vif et voudrait tout régler en un claquement de doigts. Malheureus­ement pour lui, la faiblesse de son entourage tend à aggraver les problèmes.

En voulant enrayer la pénurie chez les préposés aux bénéficiai­res, il est en voie de se créer des complicati­ons dans plusieurs autres dizaines de classes d’emploi.

L’improvisat­ion dans différents ministères est à son comble et elle n’est pas toujours harmonieus­e, comme on a pu le constater en éducation.

Le premier ministre est ainsi appelé à jouer de tous les instrument­s et ce n’est pas toujours sans fausse note !

Les ministres auraient-ils la même ferveur à investir dans ces entreprise­s en difficulté s’ils devaient le faire avec leur propre avoir ?

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 ??  ?? Soutenir des entreprise­s à la rentabilit­é douteuse, un art sublime de la contorsion pour un gouverneme­nt de gens d’affaires.
Soutenir des entreprise­s à la rentabilit­é douteuse, un art sublime de la contorsion pour un gouverneme­nt de gens d’affaires.

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