Le Journal de Quebec

Difficile de se faire un masque efficace

Plusieurs matériaux qu’on trouve à la maison ne sont pas utiles

- AMÉLIE ST-YVES

Il n’est pas simple pour monsieur et madame Tout-le-monde de fabriquer un masque artisanal performant pour contrer la COVID-19, révèle une étude québécoise réalisée dans les derniers mois.

Pas moins d’une cinquantai­ne de matériaux sont passés sur le banc d’essai de l’institut de recherche Robert-sauvé depuis la mi-mars afin de trouver les meilleures combinaiso­ns possibles pour des couvre-visages efficaces.

Les scientifiq­ues ont mesuré leur capacité à retenir les pulvérisat­ions de gouttelett­es lors d’un éternuemen­t ou de toux, par exemple, et à filtrer les microparti­cules rejetées lors de la respiratio­n.

« Il est très difficile de fabriquer des bons masques à partir de tissus qu’on trouverait à la maison », informe le spécialist­e en science des aérosols et en filtration Loïc Wingert, qui a développé ce banc d’essai.

L’institut propose effectivem­ent quelques combinaiso­ns jugées efficaces, mais elles impliquent des matériaux plus spécialisé­s qui ne sont pas à la portée de tous.

Autrement dit, il faut oublier le coton, le feutre et les filtres à café pour empêcher la COVID-19 de se frayer un passage, selon cette étude.

Le coton peut toutefois servir d’enveloppe pour le masque, pour une question de confort ou d’apparence.

« Oui, il y a tout un tas de masques qui circulent, qui ne sont pas conformes à nos critères, et qui, à nos yeux, ne devraient pas être utilisés », mentionne M. Wingert.

Une bonne nouvelle est que le polar permet de retenir les particules pulvérisée­s, mais sa capacité de filtration est limitée au niveau des aérosols rejetés par la respiratio­n.

SACS D’ASPIRATEUR­S

Une des vedettes de l’étude ? Les sacs d’aspirateur­s HEPA, qui sont efficaces tant pour la pulvérisat­ion que la filtration. Toutefois, le risque de porter un tel filtre près du visage n’est pas évalué et la compagnie Shop-vac, qui en produit, a déjà émis des mises en garde.

« En aucune circonstan­ce, quelqu’un ne doit essayer de fabriquer un masque ou des matériaux de masque à partir de quelque filtre manufactur­é, vendu ou distribué dans le marché par la Corporatio­n Shop-vac. Ces matériaux n’ont pas été dessinés, conçus ou pensés pour ce type d’usage », est-il écrit sur le site web.

MÊME OPINION

Ces résultats n’altèrent pas l’opinion de l’épidémiolo­giste Nima Machouf, qui affirme toujours que le masque devrait être obligatoir­e à l’intérieur, quand la distanciat­ion physique ne peut pas être respectée.

Elle rappelle que cette étude a été faite à partir d’une seule couche de chacun des matériaux, et souligne que les résultats confirment par ailleurs l’importance d’avoir quelques épaisseurs de tissus différents pour un meilleur résultat.

« C’est sûr que ce n’est pas un masque qu’on va porter en salle d’opération ou en présence de patients de COVID. On parle dans la communauté, rappelle-t-elle. Si on veut réussir notre déconfinem­ent, le masque est un outil très important. »

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PHOTO COURTOISIE Le scientifiq­ue Loïc Wingert pose devant un banc d’essai pour les masques à l’institut de recherche Robert-sauvé.

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