Le Journal de Quebec

Les craintes subsistent à la DPJ

- PIERRE-PAUL BIRON

Les services de protection de l’enfance s’inquiètent du sort des enfants à risque de subir de la violence, alors que la pandémie s’étire. « On pense que l’on n’a pas l’heure juste sur la réalité des enfants », affirment des intervenan­ts, qui admettent que l’absence de « filets de sécurité » complique la détection de nouveaux cas.

Autant à Québec qu’en Chaudière-appalaches, la question des abus familiaux inquiète. Comme partout en province, les signalemen­ts ont diminué au cours des derniers mois, mais la violence, elle, ne s’est jamais arrêtée. Les services de police de la région confirmaie­nt d’ailleurs au Journal cette semaine avoir observé une hausse de 20 % à 30 % des cas de violences familiales.

« Il n’y a pas de baisse d’activité, certaineme­nt pas », admet le Dr Marc-andré Dugas, chef du départemen­t de pédiatrie du Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec.

La situation est d’ailleurs inquiétant­e pour certaines clientèles, comme les enfants en bas âge.

« On est très inquiet pour les nourrisson­s. On continue de traiter dans nos services des blessures inexpliqué­es. On en a de façon préoccupan­te », confie Paule Vachon, coordonnat­rice du SIAM, le Service intégré en abus et maltraitan­ce du CIUSSS de la Capitale-nationale.

Le constat est le même sur la Rive-sud. « On a beaucoup de jeunes enfants de 0 à 2 ans avec de la maltraitan­ce », affirme Caroline Brown, directrice de la protection de la jeunesse de Chaudière-appalaches. « Est-ce que c’est beaucoup plus qu’avant? Tout ce que je peux dire c’est qu’on en a beaucoup », ajoute-t-elle, précisant qu’il est encore tôt pour tirer des conclusion­s statistiqu­es.

ÉCOLE INSUFFISAN­TE

Des enfants plus âgés sont aussi à risque, rappellent les intervenan­ts. Même si l’école primaire est recommencé­e, la courte période de six semaines et la présence sur une base volontaire jouent contre le signalemen­t d’abus.

« Les enfants les plus vulnérable­s, on réalise que bien souvent, les parents ont décidé de les garder à la maison », déplore Caroline Brown. « Ceux dont la situation était connue, on poursuit les suivis, mais ceux que l’on n’a pas dans nos dossiers, ce sont eux qui sont difficiles à identifier actuelleme­nt. »

L’inquiétude reste aussi grande pour le secondaire, qui ne reprendra pas avant l’automne. « Les adolescent­s nous préoccupen­t parce qu’ils ne se dénoncent pas eux-mêmes. Le milieu scolaire joue un grand rôle habituelle­ment », confirme Paule Vachon.

PLUS DE RISQUES

Le constat dans les réseaux de protection de l’enfance, c’est que plus le confinemen­t sera long, plus les enfants seront à risque. Il serait important que ces enfants puissent reprendre leurs contacts habituels.

« Les enfants ont moins de contacts partout. Avec la famille, l’entourage, le voisinage, la garderie, les enseignant­s et même des passants à l’épicerie, par exemple, qui pourraient être témoins de quelque chose. […] Plus ça va durer dans le temps, pire ça va être pour les jeunes », croit Mme Brown.

Newspapers in French

Newspapers from Canada