Le Journal de Quebec

Plus d’alcool et de pot consommés en pandémie

- JÉRÉMY BERNIER

La consommati­on d’alcool et de cannabis à domicile a grimpé au Québec depuis le début de la pandémie, une situation qui deviendra dramatique si elle n’est pas gérée rapidement, selon un expert.

Contactée par le Journal, l’associatio­n des brasseurs du Québec (ABQ) dit avoir observé une hausse des ventes au mois de mars chez ses membres, puis une stabilisat­ion depuis.

« Les gens boivent beaucoup plus à la maison qu’auparavant, c’est certain. Le volume total consommé dans la province est resté relativeme­nt stable, mais tout ce qui se buvait dans les restaurant­s ou bars s’est transféré dans les dépanneurs, épiceries ou SAQ », lance Patrice Léger Bourgoin, directeur général de L’ABQ.

À PLEIN RÉGIME

Même chose à l’associatio­n des marchands dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ) qui indique avoir augmenté ses ventes d’alcool de 10 à 20 %. À la Société québécoise du Cannabis (SQDC), on parle plutôt d’une hausse de 10 à 15 %, concentrée dans le premier mois de la pandémie.

« Nous avons de la difficulté à répondre à la demande grandissan­te sur place, dans les dépanneurs et dans les épiceries », indique Sandrine Paquet, l’une des propriétai­res de la brasserie La Fosse, à Donnacona, qui abonde dans le même sens.

Depuis le début de la pandémie, l’établissem­ent ouvert depuis décembre 2019 a doublé son nombre de cruchons de bière (growlers) en circulatio­n. La brasserie fonctionne si bien actuelleme­nt qu’elle a dû se procurer un 4e fermenteur pour passer d’une production 1200 litres à 1800 litres par semaine.

D’ailleurs, une enquête d’éduc’alcool, mené par la firme CROP, rapporte que 18 % des Québécois ont bu davantage durant le mois de mars par rapport à avant la crise de COVID-19. Une donnée qui a grimpé à 21 % au cours du mois d’avril.

« DRAMATIQUE »

Pour Jean-sébastien Fallu, professeur agrégé en psychoéduc­ation à l’université de Montréal, ce type de réaction de la part de la population était prévisible. Il anticipe cependant une kyrielle de problèmes.

« On s’attend à ce qu’il y ait davantage de personnes qui développen­t des habitudes de consommati­ons problémati­ques et qui aient besoin de services. Des problèmes de violences conjugales risquent aussi de devenir plus fréquents. »

Le professeur somme les dirigeants de se pencher rapidement sur ce problème qu’il considère comme prioritair­e.

Newspapers in French

Newspapers from Canada