Le Journal de Quebec

Prudence avec le 61 !

- CLAUDE VILLENEUVE

C’est avec une surprenant­e candeur que le gouverneme­nt Legault a présenté la semaine dernière le projet de loi 61 visant la relance de l’économie du Québec.

Si elle était adoptée, cette loi lui donnerait de très larges pouvoirs pour notamment contourner les règles environnem­entales et les procédures d’appels d’offres pour octroyer des contrats d’infrastruc­tures afin de relancer l’économie. Le premier ministre a dit s’attendre à avoir la collaborat­ion des groupes d’opposition afin de l’adopter d’ici vendredi.

PAS DE BÂILLON

Sans surprise, une loi qui embrasse aussi large – certains l’ont qualifiée de mammouth – ne pouvait passer comme une lettre à la poste.

Les libéraux y ont vu des ambitions duplessist­es venant d’un gouverneme­nt archipopul­aire. Les péquistes craignent que l’on ouvre la porte à la corruption. Les qsistes ne veulent pas que la relance se fasse au détriment de l’environnem­ent.

François Legault dit d’emblée qu’il ne va pas recourir au bâillon pour faire adopter une loi qui élargirait autant les pouvoirs du gouverneme­nt. Il veut avoir l’appui de l’opposition et il a besoin de son appui unanime pour aller de l’avant.

On ne peut qu’espérer que le premier ministre s’en tienne à cette résolution. Suspendre les règles parlementa­ires ferait exploser le consensus procédural qui permet à la Chambre de fonctionne­r avec des effectifs réduits présenteme­nt. Un bâillon, ça ne se vit qu’à 125 parlementa­ires et il n’y aurait plus de revenez-y.

UNITÉ QUÉBÉCOISE

L’urgence économique est bien réelle et immédiate, mais les conséquenc­es de projets mal menés dureraient pour toujours. Depuis le début de cette crise, le gouverneme­nt de la CAQ s’appuie sur un large consensus populaire pour prendre les décisions qui s’imposent.

Il a beau être bien intentionn­é, les promoteurs aux dents longues ne le sont pas tous.

Dans un tel contexte, la prudence s’impose. Pour faire durer l’unité québécoise qui nous permet de bien vivre la pandémie et ses suites, le gouverneme­nt se doit d’amender son projet de loi pour obtenir l’appui des opposition­s.

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