Une campagne présidentielle à l’ombre de trois crises
L’atmosphère de chaos qui règne aux États-unis sera-t-elle fatale à Trump ?
WASHINGTON | (AFP) L’amérique de Donald Trump affronte une conjonction exceptionnelle de trois crises majeures, une pandémie, une profonde récession économique et un vif malaise racial, qui redéfinissent les grands enjeux politiques à cinq mois d’une élection présidentielle de plus en plus difficile à prédire.
Le pays se trouve-t-il à un moment de grande transformation sociale ? Ou alors les inégalités exacerbées par l’épidémie de COVID-19 vont-elles persister ou même prospérer ?
La question s’est logiquement imposée au centre de la campagne présidentielle qui oppose le président sortant républicain à son adversaire démocrate Joe Biden.
Près de 110 000 Américains sont morts du nouveau coronavirus, le bilan humain le plus élevé au monde. Plusieurs dizaines de millions d’autres ont perdu leur emploi après la fermeture de l’économie décidée pour limiter la propagation de la maladie.
Dans le même temps, les villes américaines sont saisies par un large mouvement de protestation contre les inégalités raciales après la mort d’un homme noir, George Floyd, causée par un policier blanc à Minneapolis.
MOMENT DE VÉRITÉ
Une confluence de crises qui est « un moment de vérité pour l’amérique », selon les mots du philosophe Cornel West.
Ces crises ont été « terribles » pour les Afro-américains qui ont traditionnellement un moindre accès au système santé, sont beaucoup plus pauvres que leurs compatriotes blancs, et sont régulièrement victimes de brutalités policières.
L’épidémie de COVID-19 a touché de façon disproportionnée la communauté afro-américaine. Et si le taux de chômage a enregistré une baisse surprise en mai à 13,3 %, il a augmenté à 16,8 % pour les Américains noirs.
La blessure des inégalités raciales a été douloureusement ravivée par le drame de Minneapolis.
Le président Donald Trump aurait pu jouer le registre de l’apaisement. Il n’en a rien été et il est accusé d’avoir enflammé les passions avec une rhétorique martiale et des appels à « la loi et l’ordre » contre les « pilleurs » et les « incendiaires ».
Sa sortie provocatrice de la Maison-blanche en début de semaine dernière pour aller poser, Bible en main, devant une église endommagée lors des manifestations avait pour but d’adresser un signal à son électorat traditionnel, les conservateurs et les évangéliques.
Joe Biden voit l’occasion de se présenter en rassembleur, en homme de conciliation capable de réunir les ailes progressiste et modérée de son parti tout en attirant des électeurs indépendants rebutés par Trump.
Les experts estiment qu’en dépit de cette atmosphère de chaos, Trump est en bonne passe d’être réélu. Donald Trump cependant a vu ces derniers temps une érosion de ses scores dans les sondages, particulièrement parmi deux groupes cruciaux pour sa réélection : les personnes âgées et les chrétiens évangéliques.