Fosun a-t-elle encore confiance en l’avenir du Cirque du Soleil ?
Même si Fosun est toujours officiellement impliquée dans la relance du Cirque du Soleil, il n’est pas clair que l’entreprise tolérera longtemps encore de perdre de l’argent, selon un expert.
« Je sais que Fosun est un peu déçue [de son investissement dans le Cirque], mais officiellement ils disent que c’est une question temporaire, à cause de la pandémie », explique Zhan Su, professeur de management à l’université Laval, en entrevue au Journal.
Selon lui, les efforts du Cirque pour percer le gigantesque marché chinois depuis 2015 n’ont pas vraiment été couronnés de succès.
« Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour créer un spectacle spécifique. Ils n’ont pas réussi à [le] rentabiliser », explique-t-il.
Le dernier spectacle du Cirque en Chine, celui de Hangzhou, ne serait pas non plus très rentable, selon le professeur. Parmi les problèmes rencontrés : le prix des billets jugé élevé, des coûts de production importants, un modèle d’affaires monolithique qui repose uniquement sur des spectacles devant de petits auditoires.
PAS ASSEZ RICHES
Le professeur explique que les Chinois sont encore beaucoup plus pauvres que les Américains ou les Canadiens et n’ont pas tant d’argent à dépenser. Ils ont tendance à préférer les écrans. « Je ne suis pas certain que le modèle Las Vegas pour le Cirque puisse être reproduit en Chine », affirme-t-il.
Un coup d’oeil aux rapports annuels de Fosun depuis 2015 montre que le Cirque occupe de moins en moins de place. Le nom Cirque du Soleil revient 17 fois dans le rapport en 2016, onze fois en 2017, neuf fois en 2018. Il n’est pas mentionné une seule fois en 2019.
Malgré tout, Zhan Su estime que le Cirque du Soleil est condamné à réussir en Chine, car plusieurs de ses marchés sont déjà saturés.
« Il y a un marché potentiellement très important », juge-t-il.
La direction de Fosun n’avait pas donné suite la semaine dernière à une demande d’entrevue.