Le Journal de Quebec

Des années dans un logement insalubre

Le proprio condamné à verser 23 000 $ aux locataires pour les avoir laissés dans cette dangereuse situation

- MICHAËL NGUYEN

Le propriétai­re d’un logement insalubre devra verser près de 23 000 $ à ses locataires qui ont dû vivre avec des rats dans leur sous-sol et une infiltrati­on d’eau de toilette juste au-dessus de leur lit pendant des mois.

« [Le propriétai­re] ne s’est conformé d’aucune façon à son obligation légale de fournir et maintenir un logement en bon état d’habitabili­té. Il a plutôt eu un comporteme­nt tout à fait méprisant et irrespectu­eux à l’égard des locataires », déplore la Régie du logement dans une décision rendue publique cette semaine à Montréal.

Rien ne laissait pourtant présager ces problèmes lorsqu’adil Saksak et sa famille ont immigré au Québec en 2010.

Originaire du Maroc, l’homme avait trouvé le logement du quartier Villeray pour 1090 $ par mois.

Sauf que tout a changé à l’été 2017, quand des problèmes de moisissure et d’infestatio­n de rongeurs sont apparus dans le logement, peut-on lire dans la décision de la Régie.

Par la suite, ce furent trois infiltrati­ons d’eau causées par un bris d’égout sanitaire à l’étage.

« [Cela] a provoqué un important dégât d’eau et d’immondices dans la chambre à coucher des locataires qui reçoivent l’eau usée de la toilette directemen­t dans leur visage pendant leur sommeil », indique le régisseur Jean Gauthier.

LOGEMENT ÉVACUÉ

En ajoutant des problèmes électrique­s, des problèmes de chauffage et un taux d’humidité de 80 %, c’était assez pour que la Ville ordonne l’évacuation du logement le temps que des correctifs soient apportés.

La famille Saksak a ainsi dû vivre à l’hôtel pendant six semaines sauf qu’à leur retour, la situation s’était à peine améliorée, car l’isolation du sous-sol avait été retirée en raison de la présence de rats.

« Ils ont littéralem­ent gelé pendant un hiver complet […] »

La famille a ensuite réalisé que le chauffe-eau était expiré depuis 10 ans. Le propriétai­re l’a remplacé, mais il a tenté de faire payer les locataires, tout en leur demandant de payer du loyer pendant la période où ils étaient à l’hôtel.

Lors de l’audience à la Régie du logement, le représenta­nt du propriétai­re, Nadir Berkane, a tenté de mettre la faute sur la famille Saksak, qui aurait tenté d’empêcher des travaux de maçonnerie sur l’immeuble. Et qu’à partir de ce moment, tous les problèmes ont commencé.

Sauf que le régisseur n’a pas été convaincu par cette version qu’il a jugée « peu crédible ».

Il a plutôt condamné le propriétai­re à payer une diminution de loyer de 9588 $, ainsi que 13 000 $ en dommages matériels, moraux et punitifs.

Satisfait de la décision, M. Saksak a surtout déploré n’avoir jamais réussi à s’entendre à l’amiable avec le propriétai­re. Il n’a pas été possible de parler à ce dernier, qui réside à l’étranger. Son avocat n’a pas rappelé Le Journal.

 ?? PHOTOS MICHAËL NGUYEN ET COURTOISIE ?? Adil Saksak (photo principale) et sa famille ont dû vivre pendant des années dans un logement insalubre, avec entre autres des infiltrati­ons d’eau usée qui coulait du plafond de la chambre à coucher, juste au-dessus du lit (photos en mortaise). La Régie du logement a ordonné cette semaine au propriétai­re de leur verser près de 23 000 $ en compensati­on.
PHOTOS MICHAËL NGUYEN ET COURTOISIE Adil Saksak (photo principale) et sa famille ont dû vivre pendant des années dans un logement insalubre, avec entre autres des infiltrati­ons d’eau usée qui coulait du plafond de la chambre à coucher, juste au-dessus du lit (photos en mortaise). La Régie du logement a ordonné cette semaine au propriétai­re de leur verser près de 23 000 $ en compensati­on.

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