L’âge des beaux rôles
Martin Drainville cumule les projets intéressants depuis une dizaine d’années
La cinquantaine de Martin Drainville s’avère foisonnante sur le plan professionnel. En plus de cumuler les rôles complexes et enrichissants depuis une dizaine d’années, l’acteur vient de décrocher une nomination aux Gémeaux pour sa prestation dans la série Fragile.
« Je n’ai jamais eu de plan de carrière, souffle un Martin Drainville à la tête froide en entrevue. Même le mot “carrière”, je ne l’aime pas. On prend les rôles qu’on nous offre au gré des hasards de la vie, on fait des rencontres, ou pas… Mais la cinquantaine nous permet de sortir de notre zone habituelle. »
En 2014, Drainville, qui fêtera ses 56 ans en août, se glissait sous l’habit de cuir de Bruno, dangereux proxénète à l’allure inoffensive dans la décalée Série noire .Au théâtre, il a repris l’an dernier le flambeau de Broue avec ses camarades Benoît Brière et Luc Guérin.
Et son personnage de l’homme à tout faire Patrick Provencher, alias Bazou, dans Fragile, sur ICI Tou.tv Extra, est l’un des plus mystérieux de l’intrigue familiale imaginée par l’auteur Serge Boucher.
CADEAU
Sans surprise, on apprenait mardi que Martin Drainville a décroché une nomination aux 35e prix Gémeaux pour cette interprétation d’homme aimable, prêt à tout pour protéger les siens, mais également porteur de quantité de secrets et de zones d’ombre.
« Tant mieux si une belle récolte s’en vient, mais que ça soit le cas ou pas, Fragile reste l’un de mes projets les plus satisfaisants », mentionne le principal intéressé à propos des éloges et des récompenses.
Fragile ayant décroché 13 mentions au tableau d’honneur, ses collègues Marc-andré Grondin, Christian Bégin, Martin-david Peters et Juliette Gosselin sont aussi cités aux Gémeaux pour leur jeu, alors que Claude Desrosiers est finaliste pour sa réalisation, et Serge Boucher, pour ses textes.
« Un tel rôle est un cadeau extraordinaire dans la vie de quelqu’un, avance le comédien au sujet de son Bazou. Je ne sais pas si un cadeau semblable va m’arriver à nouveau. »
Lui qui a, de son propre aveu, beaucoup incarné les hommes juvéniles ou comiques (dans Scoop, Louis 19, Lol et Le petit monde de Laura Cadieux, entre autres) estime qu’il n’aurait pu rendre une telle charge dramatique si ce n’avait été de ses 30 années de métier qui ont précédé.
ÉCRITURE
Vantant l’écriture habile et sensible de Serge Boucher, le papa de deux garçons de 13 et 19 ans juge aussi qu’il n’aurait pas pu simuler le deuil de la même façon s’il n’avait pas connu la paternité.
« C’est de l’ouvrage, aller dans ces zoneslà ! Je me sentais beaucoup de connivence avec ce personnage, qui est de la race de mon père, de mes oncles. C’est un homme serviable, dont le point faible est de s’être hyper responsabilisé du bonheur de tous, et de s’être glorifié là-dedans. Il s’est enorgueilli de ça et en a fait plus que le client en demande. Et ça le conduit à sa perte.
« La grande force de l’écriture de Serge Boucher, c’est qu’il ne juge pas ses personnages. Même ses ‘‘méchants’’ ne sont pas si méchants », complète Martin Drainville.